C’est le grand silence des nuits
Auquel, seul, le vent s’amalgame.
Pleurant ses amoureux ennuis,
Pas une chouette qui clame !
Rien ! pas même un crapaud n’entame
Ce figement de tous les bruits.
Une forme d’homme ou de femme,
Tout le corps et les traits enfouis
Dans du noir, suit au long des buis
La rivière qui sent le drame.
Ses pas...
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L’âme, comme le ciel, a ses jours de ténèbres.Laissons au gré des flots dériver le navire,
Les bords des deux côtés sont hérissés d’écueils ;
Des deux côtés s’étend le ténébreux empire
D’une plus vaste nuit que la nuit des cercueils.Qu’il aille s’échouer au pied du mausolée
Où dort l’orgueil éteint du plus puissant des rois ,... -
L’INDIEN.Jeune et noble héritier du zèle apostolique,
Que le seul dévoûment poussa vers l’Amérique ;
Intrépide exilé, Missionnaire ardent,
Que l’espoir du martyre, un jour, en t’arrachant
De la famille en deuil, et du natal rivage,
Attira vers les bois de mon Pays sauvage ;
Que fais-tu dans la ville, apôtre des forêts ?
Que fais-tu si... -
À Félicien Rops.Enlace moi plus fort ! que mon désir soit tel,
Qu’il prête à nos baisers une ivresse sublime !
Que ton sein soit le gouffre où le remords s’abîme ;
Prends, et brûle mon cœur sur le bûcher charnel !Parjure du serment que je crus éternel,
Mon amour s’est pour toi grandi de tout mon crime
Et, sacrificateur aussi... -
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Pascal ! pour mon salut à quel dieu dois-je croire ?
— Tu doutes ? crois au mien, c’est le moins hasardeux,
Il est ou non : forcé d’avouer l’un des deux,
Parie. A l’infini court la rouge ou la noire.Tu risques le plaisir pour l’immortelle gloire ;
Contre l’éternité, le plus grand des enjeux,
N’exposer qu’une vie est certe avantageux :
La pius... -
Noire poison, tu ne fais demeurance
Au vase clos qui te puisse étouffer,
Tu viens chez moi, fausse fille d'Enfer
Et de la Nuit, soeur du somme, Espérance.
Tu me repais de la vaine apparence
D'un bien futur, tu aiguises le fer
Qui vient m'occire, tu sais seule étoffer
De fausse ardeur chose puante et rance.
Seule c'est toi qui files le... -
Lors que la brune nuict charge sa robbe noire,
Sous icelle tenant tous animaux cachez,
Et que ces feux luisans au grand ciel attachez,
Celebrent hautement de l'Eternel la gloire :
De mon ame la nuict me vient en la memoire
Et lors que bien couverts je pense mes pechez,
Tes clairs yeux ne sont point à les voir empeschez :
Car mon coeur, et ma langue... -
Ces premiers froids que l'on réchauffe d'un sarment,
- Et des platanes d'or le long gémissement,
- Et l'alcôve au lit noir qui datait d'Henri IV,
Où ton corps, au hasard de l'ombre dévêtu,
S'illuminait parfois d'un rouge éclair de l'âtre,
Quand tu m'aiguillonnais de ton genou pointu,
Chevaucheuse d'amour si triste et si folâtre ;
- Et cet abyme où l'on... -
Que ton âme soit blanche ou noire,
Que fait ? Ta peau de jeune ivoire
Est rose et blanche et jaune un peu.
Elle sent bon, ta chair, perverse
Ou non, que fait ? puisqu'elle berce
La mienne de chair, nom de Dieu !
Elle la berce, ma chair folle,
Ta folle de chair, ma parole
La plus sacrée ! - et que donc bien !
Et la mienne, grâce à la tienne,...