• Philis, qu’est devenu ce temps
    où dans un fiacre promenée,
    sans laquais, sans ajustements,
    de tes grâces seules ornée,
    contente d’un mauvais soupé
    que tu changeais en ambrosie,
    tu te livrais, dans ta folie,
    à l’amant heureux et trompé
    qui t’avait consacré sa vie ?
    Le ciel ne te donnait alors,
    pour tout rang et pour tous trésors,...

  • Tressan, l’un des grands favoris
    du dieu qui fait qu’on est aimable,
    du fond des jardins de Cypris,
    sans peine, et par la main des ris,
    vous cueillez ce laurier durable
    qu’à peine un auteur misérable,
    a son dur travail attaché,
    sur le haut du Pinde perché,
    arrache en se donnant au diable.
    Vous rendez les amants jaloux ;
    les auteurs...

  • Le curé qui vous baptisa
    du beau surnom de muse et grâce ,
    sur vous un peu prophétisa ;
    il prévit que sur votre trace
    croîtrait le laurier du Parnasse
    dont La Suze se couronna,
    et le myrte qu’elle porta,
    quand, d’amour suivant la déesse,
    ses tendres feux elle mêla
    aux froides ondes du permesse.
    Mais en un point il se trompa :
    ...

  • Tu commences par me louer,
    tu veux finir par me connaître :
    tu me loueras bien moins. Mais il faut t’avouer
    ce que je suis, ce que je voudrais être.
    J’aurai vu dans trois ans passer quarante hivers.
    Apollon présidait au jour qui m’a vu naître.
    Au sortir du berceau j’ai bégayé des vers.
    Bientôt ce dieu puissant m’ouvrit son sanctuaire :
    mon coeur...

  • ô très-singulière Martel,
    j’ai pour vous estime profonde :
    c’est dans votre petit hôtel,
    c’est sur vos soupers que je fonde
    mon plaisir, le seul bien réel
    qu’un honnête homme ait en ce monde.
    Il est vrai qu’un peu je vous gronde ;
    mais, malgré cette liberté,
    mon coeur vous trouve, en vérité,
    femme à peu de femmes seconde ;
    car sous...

  • Jeune Gaussin, reçois mon tendre hommage,
    reçois mes vers au théâtre applaudis ;
    protége-les : Zaïre est ton ouvrage ;
    il est à toi, puisque tu l’embellis.
    Ce sont tes yeux, ces yeux si pleins de charmes,
    ta voix touchante, et tes sons enchanteurs,
    qui du critique ont fait tomber les armes ;
    ta seule vue adoucit les censeurs.
    L’illusion, cette...

  • Ainsi donc cent beautés nouvelles
    vont fixer vos bouillants esprits ;
    vous renoncez aux étincelles,
    aux feux follets de mes écrits,
    pour des lumières immortelles ;
    et le sublime Maupertuis
    vient éclipser mes bagatelles.
    Je n’en suis fâché, ni surpris ;
    un esprit vrai doit être épris
    pour des vérités éternelles.
    Mais ces vérités, que...

  • Montbrun, par l’amour adoptée,
    digne du coeur d’un demi-dieu,
    et, pour dire encor plus, digne d’être chantée
    ou par Ferrand, ou par Chaulieu ;
    Minerve et l’enfant de Cythère
    vous ornent à l’envi d’un charme séducteur ;
    je vois briller en vous l’esprit de votre mère
    et la beauté de votre soeur :
    c’est beaucoup pour une mortelle.
    Je n’en...

  • Que toujours de ses douces lois
    le dieu des vers vous endoctrine ;
    qu’à vos chants il joigne sa voix,
    tandis que de sa main divine
    il accordera sous vos doigts
    la lyre agréable et badine
    dont vous vous servez quelquefois !
    Que l’amour, encor plus facile,
    préside à vos galants exploits,
    comme Phébus à votre style !
    Et que Plutus, ce...

  • écoutez-moi, respectable émilie :
    vous êtes belle ; ainsi donc la moitié
    du genre humain sera votre ennemie :
    vous possédez un sublime génie ;
    on vous craindra : votre tendre amitié
    est confiante, et vous serez trahie.
    Votre vertu, dans sa démarche unie,
    simple et sans fard, n’a point sacrifié
    à nos dévots ; craignez la calomnie.
    Attendez-...