• Chairs de vulves ou de gencives,
    Les pétales des fleurs nocives
    Bougent au vent,
    Torpide et lent,
    Qui les pourrit d’automne monotone
    Et les emporte sur l’étang.

    On croirait voir de grands morceaux
    De cœurs brisés,
    On croirait voir de grands lambeaux
    De vie ardente et dispersée,
    On croirait voir de gros caillots...

  • AU BORD DU QUAI

    En un pays de canaux et de landes,
    Mains tranquilles et gestes lents,
    Habits de laine et sabots blancs,
    Parmi des gens mi-somnolents,
    Dites, vivre là-bas, en de claires Zélandes !

    Vers des couchants en or broyé,
    Vers des caps clairs mais foudroyés,
    Depuis des ans, j’ai navigué...

  • En de lourdes sonnantes bouées,
    Au long des plages de la mer,
    J’ai mis mon âme
    Sonnante, au long des plages de la mer.

    Les navires cavalcadeurs
    — Sabords de cuivre et tillacs d’or —
    Mon âme,
    Au long des eaux qui vont au Nord,
    Battant son glas les accompagne,
    Mais reste, avec des liens de fer,
    Avec une ancre et des...

  • Dans le bassin aux bords tranquilles,

    Les mâts semblent un jeu de quilles
    Debout sur l’eau ;
    La lune est claire et clairs sont les nuages,
    Et les voiles et les cordages
    Laissent sur les cargaisons sombres
    Des longs bateaux

    Tomber leurs ombres.

    Une...
  • La couronne formidable des rois
    En s’appuyant de tout son poids
    Sur un masque de cire
    Semblait broyer, dans ce hall froid,
    Tout un empire.

    Le pâle émail des yeux usés
    S’était fendu en agonies
    Minuscules, mais infinies,
    Sous les sourcils martyrisés.

    Le front avait été l’éclair,

    La couronne formidable des...

  • Deux vieux marins des mers du Nord
    S’en revenaient, un soir d’automne,
    De la Sicile et de ses îles mensongères,
    Avec un peuple de Sirènes,
    À bord.

    Aigus d’orgueil, ils regagnaient leur fiord,
    Parmi les brumes mensongères,
    Aigus d’orgueil ils regagnaient le Nord
    Sous un vent morne et monotone,
    Un soir de tristesse et d’...

  • Dans l’horreur et le meurtre, et la hargne et la rage,
    Allemagne, Allemagne, est-ce donc à jamais
    Qu’une bande de rois emploiera ton courage
    À préparer un crime ou parfaire un forfait ?

    Seras-tu à jamais hypocrite et brutale
    Et morne et dure, et celle, hélas, qui n’aime point ;
    Et ton immense effort dans la lutte vitale
    Ne te servira-t-il qu’à mieux...

  • AUJOURD’HUI

    Artevelde, les deux Van Eyck, Rubens, Vésale,

    — Éclairs rouges du geste, ou feux blancs des cerveaux —
    Votre orage remplit encor les cœurs nouveaux

    Du tonnerre de vos mémoires...

  • Aujourd’hui

    Artevelde, les deux Van Eyck, Rubens, Vésale,
    — Éclairs rouges du geste, ou feux blancs des cerveaux —
    Votre orage remplit encor les cœurs nouveaux
    Du tonnerre de vos mémoires colossales.

    Les mêmes cieux d’...

  • Sur les visages des floraisons d’or,
    Voici qu’un auroral soleil se penche
    Et les frôlant, de branche en branche,
    Dans une clarté pourpre éclate en baisers d’or.

    Pulpeux et lourds, comme des bouches rouges
    Et lumineux de leurs sèves hautaines,
    Sous des rameaux feuillus, qui cachent des fontaines,
    L’aube caille le sang des raisins...