• Oh ! cette ombre de jour tombant du ciel hagard !
    Et ces feuilles jonchant le sol, de rouille et d’ambre ;
    Voici le deuil, voici la mort, voici décembre :
    Des bœufs qu’on ne voit pas meuglent dans le brouillard.

    Pauvres chaumes au bout des plaines infinies,
    Au bout des bois hagards et des chemins noyés,
    Avec vos vieilles gens assis près des foyers
    ...

  • Sur sa butte que le vent gifle,
    Il tourne et fauche et ronfle et siffle
    Le vieux moulin des péchés vieux
    Et des forfaits astucieux.

    Il geint des pieds jusqu’à la tête,
    Sur fond d’orage et de tempête,
    Lorsque l’automne et les nuages
    Frôlent son toit de leurs voyages.

    L’hiver, quand la campagne est éborgnée,
    Il apparaît...

  • Le site est floconneux de brume
    Qui s’épaissit en bourrelets,
    Autour des seuils et des volets,
    Et, sur les berges, fume.

    Le fleuve traîne, pestilentiel,
    Les charognes que le courant rapporte ;
    Et la lune semble une morte
    Qu’on enfouit au bout du ciel.

    Seules, en des barques, quelques lumières
    Illuminent et grandissent...

  • LE PÈLERIN.

    Mêlant des fleurs à des ciguës,

    Et des jurons à ses prières,
    Il trimballe, par les bruyères,

    Le pèlerin, vers Montaigu.

    ...
  • Où vont les vieux paysans noirs
    Par les couchants en or des soirs
    Dans les campagnes rouges ?

    À grands coups d’ailes affolées,
    En leurs toujours folles volées,
    Les moulins fous fauchent le vent.

    Les cormorans du vieil automne
    Clament au loin — et le ciel tonne
    Comme un tocsin parmi la nuit.

    Où vont les vieux...

  • Autour de la terre obsédée
    Circule, au fond des nuits, au cœur des jours,
    Toujours,
    L’orage amoncelé des montantes idées.

    Elles roulent, passent et lentement s’agrègent.
    D’abord on les croirait vagues comme les rêves
    Qui s’envolent, dès le matin ;
    Mais, tout à coup, leurs masses,
    Par étages, se tassent
    Et s’affirment en des contours...

  • Ô plainte de la terre
    Frappant la nuit, frappant le jour,
    Frappant toujours
    Quelque roc inflexible en un lieu...

  • Son chat, son chien, son porc, sa vache et quelques poules ;
    Dites, le maigre bien du métayer flamand !
    Si, le dimanche, au soir tombant, sa tête est saoule,
    Les autres jours, toujours, il peine obstinément.

    D’un cœur dont rien ne lasse et l’espoir et l’attente
    Il casse ou moud le temps qui ne l’enrichit pas.
    L’été, dans la campagne, avec sa bêche ardente...

  • LES PETITS VIEUX

    En mon pays, au bord d’une route, deux saules tordus et rabougris se penchent l’un vers l’autre, comme s’ils...
  • Tonnante,
    La fête s’annonçait, dès le matin, là-bas.

    Comme en un brusque branle-bas,
    Mille mains rapides et frissonnantes...