• La vie est si souvent morne & décolorée,
    À l’ennui l’heure lourde est tant de fois livrée
    Que le corps s’engourdit,
    Et que l’âme, fuyant les épreuves amères,
    S’envole & vient saisir à travers les chimères
    ...

  • Passer tout près, passer et regarder de loin,
    Et frémir sans oser continuer la route,
    Et refouler, de peur d’un indiscret témoin,
    Ces derniers pleurs, tout prêts à couler goutte à goutte !

    De lourds nuages gris que l’éclair déchirait
    Cachaient tout l’horizon, & les minutes brèves
    S’envolaient, ô suprême & douloureux regret !
    Sans que j’eusse...

  • Maintenant, plus d'azur clair, plus de tiède haleine,
    Plus de concerts dans l'arbre aux lueurs du matin :
    L'oeil ne découvre plus les pourpres de la plaine
    Ni les flocons moelleux du nuage argentin.

    Les rayons ont pâli, leurs clartés fugitives
    S'éteignent tristement dans les cieux assombris.
    La campagne a voilé ses riches perspectives.
    L'orme...

  • Écoutez : c'est le bruit de la joyeuse airée
    Qui, dans le poudroîment d'une lumière d'or,
    Aussi vive au travail que preste à la bourrée,
    Bat en chantant les blés du riche messidor.

    Quel gala ! pour décor, le chaume qui s'effrange ;
    Les ormes, les tilleuls, le jardin, le fruitier
    Dont la verdure éparse enguirlande la grange,
    Flotte sur les ruisseaux...

  • Octobre glorieux sourit à la nature.
    On dirait que l'été ranime les buissons.
    Un vent frais, que l'odeur des bois fanés sature,
    Sur l'herbe et sur les eaux fait courir ses frissons.

    Le nuage a semé les horizons moroses,
    De ses flocons d'argent. Sur la marge des prés,
    Les derniers fruits d'automne, aux reflets verts et roses,
    Reluisent à travers les...

  • À peine les faucheurs ont engrangé les gerbes
    Que déjà les chevaux à l'araire attelés
    Sillonnent à travers les chardons et les herbes
    La friche où juin fera rouler la mer des blés.

    Fécondité des champs ! cette glèbe qui fume,
    Ce riche et fauve humus, recèle en ses lambeaux
    La sève qui nourrit et colore et parfume
    Les éternels trésors des futurs...

  • Les dimanches d'été, le soir, vers les six heures,
    Quand le peuple empressé déserte ses demeures
    Et va s'ébattre aux champs,
    Ma persienne fermée, assis à ma fenêtre,
    Je regarde d'en haut passer et disparaître
    Joyeux bourgeois, marchands,

    Ouvriers en habits de fête, au coeur plein d'aise ;
    Un livre est entr'ouvert près de moi, sur ma chaise :
    Je...

  • C'était un jour d'été de rayons éclairci,
    J'en ai toujours au coeur la souvenance empreinte,
    Quand le ciel nous lia d'une si ferme étreinte
    Que la mort ne saurait nous séparer d'ainsi.

    L'an était en sa force et notre amour aussi,
    Nous faisions l'un à l'autre une aimable complainte,
    J'étais jaloux de vous, de moi vous aviez crainte,
    Mais rien qu'...