• Vous vous tendez vers moi, vertes petites mains des arbres,
    Vertes petites mains des arbres du chemin.
    Pendant que les vieux murs un peu plus se délabrent,
    Que les vieilles maisons montrent leurs plaies,
    Vous vous tendez vers moi, bourgeons des haies,
    Verts petits doigts.

    Petits doigts en coquilles,
    Petits doigts jeunes, lumineux, pressés de vivre...

  • Un hymne harmonieux sort des feuilles du tremble ;
    Les voyageurs craintifs, qui vont la nuit ensemble,
    Haussent la voix dans l'ombre où l'on doit se hâter.
    Laissez tout ce qui tremble
    Chanter.

    Les marins fatigués sommeillent sur le gouffre.
    La mer bleue où Vésuve épand ses flots de soufre
    Se tait dès qu'il s'éteint, et cesse de gémir.
    Laissez tout...

  • A Madame ***

    I

    Ce livre errant qui va l'aile brisée,
    Et que le vent jette à votre croisée
    Comme un grêlon à tous les murs cogné,

    Hélas ! il sort des tempêtes publiques.
    Le froid, la pluie, et mille éclairs obliques
    L'ont assailli, le pauvre nouveau-né.

    Il est puni d'avoir fui ma demeure.
    Après avoir chanté, voici qu'il...

  • Quand reviendra l'automne avec les feuilles mortes
    Qui couvriront l'étang du moulin ruiné,
    Quand le vent remplira le trou béant des portes
    Et l'inutile espace où la meule a tourné,

    Je veux aller encor m'asseoir sur cette borne,
    Contre le mur tissé d'un vieux lierre vermeil,
    Et regarder longtemps dans l'eau glacée et morne
    S'éteindre mon image et le pâle...

  • L'ANGÉLUS sonnait, et l'enfant sur sa couche de douleur
    souffrait d'atroces maux ; il avait à peine quinze ans, et les
    froids autans contribuaient beaucoup à empirer son mal.

    Mais pourtant sa mère qui se lamentait au pied du
    lit, l'attristait encore plus profondément et augmentait en
    quelque sorte sa douleur.

    Soudain, joignant ses mains pâles en une...

  • De la dépouille de nos bois
    L'automne avait jonché la terre ;
    Le bocage était sans mystère,
    Le rossignol était sans voix.
    Triste, et mourant à son aurore,
    Un jeune malade, à pas lents,
    Parcourait une fois encore
    Le bois cher à ses premiers ans :
    " Bois que j'aime ! adieu... je succombe.
    Ton deuil m'avertit de mon sort ;
    Et dans chaque...