• V

    Coup sur coup. Deuil sur deuil. Ah ! l'épreuve redouble.
    Soit. Cet homme pensif l'acceptera sans trouble.
    Certe, il est bon qu'ainsi soient traités quelques-uns.
    Quand d'âpres combattants, mages, soldats, tribuns,
    Apôtres, ont donné leur vie aux choses justes,
    Ils demeurent debout dans leurs douleurs robustes.
    Tu le...

  • III

    Charle ! Charle ! ô mon fils ! quoi donc ! tu m'as quitté
    Ah ! tout fuit ! rien ne dure !
    Tu t'es évanoui dans la grande clarté
    Qui pour nous est obscure.

    Charles, mon couchant voit périr ton orient.
    Comme nous nous aimâmes !
    L'homme, hélas ! crée, et rêve, et lie en souriant
    Son âme à d'autre âmes ;

    ...

  •  
    C’est en deuil surtout que je l’aime :
    Le noir sied à son front poli,
    Et par ce front le chagrin même
               Est embelli.

    Comme l’ombre le deuil m’attire,
    Et c’est mon goût de préférer,
    Pour amie, à qui sait sourire...

  •  

    Même en deuil pour cent trahisons,
    À vos soleils nous embrasons
    Nos cœurs meurtris, jeunes saisons !

    Ô premières roses trémières !
    Ô premières amours ! Premières
    Aurores, aux riches lumières !

    Malgré l’hiver et les autans,
    Ressuscitent, vainqueurs du temps,
    Vos étés aux cheveux flottants !

  •  
    En ce temps-là, je me rappelle
    Que je ne pouvais concevoir
    Pourquoi, se pouvant faire belle,
    Ma mère était toujours en noir.

    Quand s’ouvrait le bahut plein d’ombre,
    J’éprouvais un vague souci
    De voir près d’une robe sombre
    Pendre un long voile sombre aussi.

    Le linge, radieux naguère,
    D’un feston noir était ourlé :
    Tout ce qu...

  • La dame en deuil, parmi les glycines des treilles,
    Erre languissamment dans les longues allées
    Où des senteurs de fruits et de grappes foulées
    Flottent en l'air vibrant d'une rumeur d'abeilles.

    Ses mains blondes avec une lente indolence
    Saccagent en passant des lys et des verveines,
    Et chaque fois qu'au loin sonnent les heures vaines
    Ses grands...

  • Le vieux meunier dort, au fond d'un cercueil
    De chêne et de plomb, sous six pieds de terre,
    Et, dans le val plein d'ombre et de mystère,
    Le moulin repose en signe de deuil.

    La nuit a drapé ses murs de longs voiles
    Crêpes aux plis noirs et silencieux,
    Et sur le velours funèbre des cieux
    Roulent des pleurs d'or tombés des étoiles.

    La voix...

  • Charle ! Charle ! ô mon fils ! quoi donc ! tu m'as quitté.
    Ah ! tout fuit ! rien ne dure !
    Tu t'es évanoui dans la grande clarté
    Qui pour nous est obscure.

    Charles, mon couchant voit périr ton orient.
    Comme nous nous aimâmes !
    L'homme, hélas ! crée, et rêve, et lie en souriant
    Son âme à d'autre âmes ;

    Il dit : C'est éternel ! et poursuit son...

  • Rompant soudain le deuil de ces jours pluvieux,
    Sur les grands marronniers qui perdent leur couronne,
    Sur l'eau, sur le tardif parterre et dans mes yeux
    Tu verses ta douceur, pâle soleil d'Automne.

    Soleil, que nous veux-tu ? Laisse tomber la fleur,
    Que la feuille pourrisse et que le vent l'emporte !
    Laisse l'eau s'assombrir, laisse-moi ma douleur
    ...

  • J'en ai le deuil, et vous la joie,
    J'en ai la guerre, et vous la paix,
    J'en cours, et vous allez en paix,
    J'en ai courroux qui vous resjoie.
    Vous en riez, et j'en larmoie,
    Vous en parlez, et je m'en tais ;
    J'en ai le deuil, et vous la joie,
    J'en ai la guerre, et vous la paix.

    vous vous baignez, et je me noie,
    Vous vous faites, je me...