• Prisonnier en la Conciergerie de Paris, l'an 1546,
    sur la déclaration et sur la consolation.

    Si au besoin le monde m'abandonne
    Et si de Dieu la volonté n'ordonne
    Que libertés encores on me donne
    Selon mon veuil.

    Dois-je en mon coeur pour cela mener deuil
    Et de regrets faire amas et recueil ?
    Non pour certain, mais au ciel lever l'oeil...

  • Ici, je ne bâtis pas
    D'une main industrieuse,
    A la ligne et au compas,
    Une maison somptueuse.

    Ici, je ne veux chanter
    L'orgueil de quelque édifice,
    Ni l'ouvrage retenter
    D'un ancien frontispice.

    Autre que moi, mieux appris
    En cette magnificence,
    Chante l'honneur et le prix
    Et la superbe excellence.

    D'un...

  • Quand au dernier sommeil la Vierge eust clos les yeux,
    Les Anges qui veilloyent autour de leur maistresse,
    Esleverent son corps en la gloire des Cieux,
    Et les Cieux furent pleins de nouvelle allegresse.

    Les plus hauts Séraphins à son advenement
    Sortoient au devant d'elle et luy cedoient la place,
    Se sentant tous ravis d'aise et d'estonnement
    De...

  • Je n'ai plus ni père, ni mère,
    Ni soeur, ni frère
    Sinon Dieu seul auquel j'espère,
    Qui sur le ciel et terre impère ;
    Là-haut, là-bas,
    Tout par compas ;
    Compère, commère,
    Voici vie prospère.

    Je suis amoureux non en ville,
    Ni en maison, ni en château,
    Ce n'est de femme ni de fille
    Mais du seul bon, puissant et beau :
    C'est...

  • CHOEUR DE FEMMES

    L'ombre des bois d'Aser est toute parfumée.
    Quel est celui qui vient par le frais chemin vert ?
    Est-ce le bien-aimé qu'attend la bien-aimée ?
    Il est jeune, il est doux. Il monte du désert
    Comme de l'encensoir s'élève une fumée.
    Est-ce le bien-aimé qu'attend la bien-aimée ?

    UNE JEUNE FILLE

    J'aime. Ô vents, chassez l...

  • Benedicite omnia opera domini domino

    [...]
    Benedicite coeli domino

    Cieux, épouvantables machines
    D'azur en voûte suspendu
    Où Dieu de son bras étendu
    A fait voir ses forces divines ;
    Tabernacles étincelants,
    Trônes assurés et roulants,
    Cercles de la terre et de l'onde,
    Corps d'airain massifs et dispos,
    Bénissez l'...

  • Du rien je m'achemine aux pieds de Jésus-Christ,
    Des pieds à son côté où je reçois l'esprit
    Qui fait parvenir l'homme à la divine bouche ;
    On jouit en ce lieu d'une si grande paix
    Que la sainte âme veut demeurer à jamais
    Dans cette heureuse couche.

    Ô beau lit de l'époux plein d'oeillets et de lys !
    N'êtes-vous pas de Dieu le très doux Paradis ?...

  • Qu'est-ce donc que je vois ? Quelle vision pure !
    Je vois le Créateur, en lui la créature,
    Je vois l'être et le rien,
    Je vois le rien en Dieu, l'être qui l'être pâme,
    Si l'un me fait mourir, l'autre ravit mon âme
    Dans son souverain bien.

    Je vois le néant simple en la nature belle.
    Quel prodige ! un néant du néant se révèle
    En moi par le péché...

  • Solitaire hauteur, sainte horreur ravissante,
    Silence glorieux,
    Beau sein des Séraphins, ombre resplendissante,
    Douce mort de nos yeux,
    Extase des esprits, jusqu'à vous ma pensée
    Ne peut être élancée.

    Je connais par la foi que vous êtes Dieu même
    Qui ne peut être vu,
    De vos pures clartés un seul rayon suprême
    Ayant l'âme entrevu,
    En un...

  • L'âme de moi, sous cette chair enclose,
    En nul vivant ores plus ne se fie :
    Car elle estime, honore et magnifie
    Le Seigneur Dieu par-dessus toute chose.

    Et mon esprit, pour la bonne assurance
    De voir la fin d'ennuyeuse tristesse,
    Se réjouit et fonde sa liesse
    En Dieu, mon bien et ma sûre espérance,

    Qui a daigné, par douceur amoureuse,...