• Tu le sais, inimitable fraise des bois
    Comme un charbon ardent aux doigts de qui te cueille :

    Leçons et rires buissonniers
    Ne se commandent pas.

    Chez le chasseur qui la met en joue
    L'automne pense-t-elle susciter l'émoi
    Que nous mettent au coeur les plus jeunes mois ?

    Blessée à mort, Nature,
    Et feignant encor
    D'une Ève...

  • Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal :
    " Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? "
    - Sois charmante et tais-toi ! Mon coeur, que tout irrite,
    Excepté la candeur de l'antique animal,

    Ne veut pas te montrer son secret infernal,
    Berceuse dont la main aux longs sommeils m'invite,
    Ni sa noire légende avec la flamme écrite.
    Je hais la...

  • I

    Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
    Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
    J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
    Le bois retentissant sur le pavé des cours.

    Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
    Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
    Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
    Mon coeur ne...

  • Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil,
    Embrase le coteau vermeil
    Que la vigne pare et festonne.

    Père, tu rempliras la tonne
    Qui nous verse le doux sommeil ;
    Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil.

    Déjà la Nymphe qui s'étonne,
    Blanche de la nuque à l'orteil,
    Rit aux chants ivres de...

  • Sors de ta chrysalide, ô mon âme, voici
    L'Automne. Un long baiser du soleil a roussi
    Les étangs ; les lointains sont vermeils de feuillage,
    Le flexible arc-en-ciel a retenu l'orage
    Sur sa voûte où se fond la clarté d'un vitrail ;
    La brume des terrains rôde autour du bétail
    Et parfois le soleil que le brouillard efface
    Est rond comme la lune aux marges...

  • Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,
    Comme par un prodige inouï du soleil,
    Avec plus de langueur et plus de charme encore,
    Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.

    Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :
    Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
    Mais voici que, soudain, les touffes printanières
    Embaument...

  • L'automne a dénudé les glèbes et le soir.
    Un soir d'exil et de mains désunies,
    S'approche à l'horizon des plaines infinies,
    Roi dévêtu de pourpre et spolié d'espoir.

    Ô marcheur aux pieds nus et las qui viens t'asseoir
    Sans compagnon, parmi les landes défleuries,
    Près des eaux mornes, quelles mêmes agonies
    Alourdissent ton front vers ce triste...

  • Par la brise d'automne à la forêt volée,
    Une feuille d'érable erre dans la vallée :
    Papillon fantastique aux ailes de carmin !
    Un enfant, qui folâtre au pied de la colline,
    S'élance pour saisir cette feuille divine :
    Enfin, la feuille est dans sa main.

    Ne méprisez pas, je vous prie,
    Cette feuille rouge et flétrie,
    Léger débris de la forêt :
    ...

  • Ô vous qu'ont enrichis les trésors de Cérès,
    Préparez-vous, mortels, à de nouveaux bienfaits.
    Redoublez vos présents, terre heureuse et féconde ;
    Récompensez encor la main qui vous seconde.
    Et toi, riant automne, accorde à nos désirs
    Ce qu'on attend de toi, du repos, des plaisirs,
    Une douce chaleur, et des jours sans orages.

    Il vient environné de...

  • Quand de la divine enfant de Norvège,
    Tout tremblant d'amour, j'osai m'approcher,
    Il tombait alors des flocons de neige.

    Comme un martinet revole au clocher,
    Quand je la revis, plein d'ardeurs plus fortes,
    Il tombait alors des fleurs de pêcher.

    Ah ! je te maudis, exil qui l'emportes
    Et me veux du coeur l'espoir arracher !
    Il ne tombe plus...