Ô Muses, par tous ces héros que vous pleurez
Et qui sont morts, là-bas, loin de vos bras sacrés,
Vous voici, désormais, en une double Gloire,
Filles de la Patrie et sœurs de la Victoire !
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Tes pas sont lourds. L’âge te courbe. Tu es vieux
Et cependant je vois une flamme en tes yeux…
Quels sont les mots confus que murmure ta bouche ?
Dis-moi, pourquoi cet air joyeusement farouche ?
Ah ! j’ai compris. Pardonne-moi. Ne réponds pas.
Ton deuil me dit assez que ton fils est là-bas
Tombé, la face au ciel, sous la balle allemande,
Noblement,... -
Je jure de garder dans mon cœur cette haine
Jusqu’à son dernier battement ;
Que son venin sacré se mêle dans ma veine
À chaque goutte de mon sang !Que l’on voie à jamais sur mon sombre visage...
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« Hier encor, j’aimais les roses,
L’azur, les longs jours d’été,
Et les êtres et les choses
De lumière et de beauté.« Aux murmures des fontaines,
À l’heure où l’étoile luit,
Se mêlaient des voix lointaines
Qui me parlaient dans la nuit.« Elles me disaient dans l’ombre
Que la vie est, à vingt ans,
Faite d’aurores sans nombre... -
On attend. Nul cœur n’est sombre
Du grand devoir accepté,
Car la lutte contre l’ombre
Finira par la clarté.En vain la horde barbare
A rué son flot vivant,
Puisque sonne la fanfare
De nos clairons dans le vent,Que les trois couleurs de France
En un symbole plus beau
Font flotter notre espérance
À la hampe du drapeau…...
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Ils ont dit, fous de haine et d’orgueil : « Nous allons
« Enfin fouler leur sol avec nos lourds talons !
« Notre aigle va couvrir de sa vaste envergure
« Ce clair Paris dont la beauté nous fait injure
« Et laissera tomber, de ses ailes, sur lui,
« Une ombre de stupeur, de désastre et de nuit.
« L’heure que nous guettons depuis quarante années
« Sonne... -
Tu poursuis, en chantant, dans la glaise et l’argile,
Pour lui rendre à jamais la forme où tu le vois
Qui rôde en ta pensée et s’esquive à ta voix,
Un fantôme furtif qui fuit ton pouce agile.La figure s’ébauche indécise et fragile,
Dans la terre féconde où la cherchent tes doigts,
Car encore secret et visible parfois
Le sourire est déjà dans la... -
Rentre. Je ne vois plus ton visage. Rentrons.
Il est trop tard déjà pour s’asseoir au perron
Où la mousse est humide et la pierre mouillée.
La serrure tend à nos mains sa clef rouillée ;
La porte s’ouvrira toute grande pour nous
Avec un bruit d’accueil que le soir fait plus doux ;
Plus tard le gond rétif et le loquet rebelle
Grinceraient, car toute... -
J’ai feint que des Dieux m’aient parlé ;
Celui-là ruisselant d’algues et d’eau,
Cet autre lourd de grappes et de blé,
Cet autre ailé,
Farouche et beau
En sa stature de chair nue,
Et celui-ci toujours voilé,
Cet autre encor
Qui cueille, en chantant, la ciguë
Et la pensée
Et qui noue à son thyrse d’or
Les deux serpents en caducée... -
Plains-moi, car je n’eus rien à donner à l’Amour,
Ni fleurs de mon Été, ni fruits de mon Automne,
Et la terre où naquit mon destin sans couronne
N’a pas porté pour moi la rose ou l’épi lourd.Les Fileuses qui font nos heures et nos jours
N’ont pas tissé non plus, pour que je la lui donne,
La tunique fertile où, naïve Pomone,
La vierge de ses seins...