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    Adônis ! Adônis ! la mort ferme ta bouche,
            Hélas ! cher Adônis, adieu,
    Toi qui gardes encor sur la funèbre couche
            L’immortelle beauté d’un Dieu ! —

    Telles lugubrement dans la ville assiégée
    Les femmes de Khytras, seins nus, cheveux épars,
    Poussaient leur clameur triste, errante et prolongée
    Du temple enguirlandé jusqu’au pied...

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    Le vent propice et doux, depuis Thessalonique,
    Hâta le cours heureux du voyage accompli,
    Et l’écume du port d’une blanche tunique
    Revêt la poupe ronde au gouvernail poli.

    Toi qui, longeant la côte aux anses incertaines,
    De l’Euripe perfide oublias les dangers,
    Vaisseau qu’un Dieu sans doute a guidé vers Athènes,
    Quel Juif débarque ici parmi...

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    Viens ! La proie est facile, ô Chef ! Poursuis sans halte
    La Bête agonisante en son hallier païen !
    Dans son péché maudite, elle n’attend plus rien
    Que le fer de ton glaive en sa gorge, ô grand Balthe !

    Alarik, Alarik, salut ! Libérateur
    Dont le Christ a guidé les victoires hautaines
    Du Danube natal jusques aux murs d’Athènes,
    D’Athènes sourde...

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    L’Augusta très-divine est la sœur de l’aurore.
    Elle est fraîche comme elle et comme elle se plaît,
    Dès l’heure où l’horizon frissonne et se colore,
    À fuir la chambre close où la nuit l’exilait.

    Par les couloirs de marbre où filtre un jour bleuâtre.
    Par l’escalier béant aux degrés smaragdins,
    Par les salles où l’eau pleure aux bassins d’albâtre,...

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    Khirîna, de Hidil, a recueilli les restes
    Du vieux temple gisant sur le sol paternel
    Et, la nuit, à l’écart, a de ses mains modestes
    Pour la Dame des eaux rebâti cet autel.

    Déesse Anâhita qu’un siècle ingrat exile,
    O Vierge ruisselante au flot jamais tari,
    O Pure ! Khirîna t’offre cet humble asile
    Où ta source peut naître et chanter à l’abri...

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    Terreur sur les trois mers, effroi sur les sept monts ;
    L’Empire et la Cité gisent dans leurs décombres ;
    Car de ses bords gelés et de ses forêts sombres
    Le Danube natal a vomi les démons.

    La flamme est moins subite et le vent moins rapide
    Que le vol furieux des fauves cavaliers ;
    Ils vont où Dieu les jette, aveugles, par milliers,
    Le Hun...

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    LA NOURRICE.

    Maîtresse, un étranger trouble la solitude
    Où tu fuis, loin des yeux, l’éclat brûlant du jour :
    Son pas sonore émeut les marbres de la cour ;
    Il commande, il t’appelle en son langage rude.
    Sous la rouge toison il cache un torse nu ;
    D’ardents cheveux en flots inondent son épaule.
    Les bords Kymmériens, la Scythie ou la Gaule
    ...

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    Or, sous le ciel ardent, les murs de brique rose
    Étincelaient ; le vent chantait dans les palmiers ;
    La fraîche Dammeseq, comme une fleur éclose,
    Enivrait le vallon des parfums coutumiers.

    Et les eaux murmuraient, et les sources prochaines
    D’un fluide cristal emplissaient les viviers ;
    Et les souffles du nord berçaient de leurs haleines
    La...

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    Les plus braves sont morts, pleins d’orgueil et de haine ;
    D’autres ont fui. La horde innombrable n’est plus ;
    Les cadavres des chefs blêmissent dans la plaine.

    Pressant contre leur sein les boucliers poilus,
    Les Barbares du Nord, Galates, Tectosages,
    Sont tombés. Le sang noir teint les fronts chevelus.

    La hache fut sans force à tailler des...

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    Or, en ces temps, le mal, comme une lèpre impure
    Qui s’accroît sans relâche et s’irrite et suppure,
    Ayant rongé le cœur d’Israël, et ses yeux
    S’étant, loin d'lahvé, tournés vers d’autres Dieux,
    Vers ceux de Kenaan et ceux de l’Emorite,
    Le Fort avait poussé sur la race proscrite
    L’ouragan toujours prêt des châtiments anciens.
    Et les fils des...