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    À mon ami Eugène Crépet.

    Ô laboureur de l’âme, ô semeur éternel.
    Poète, avant le jour, loin du toit paternel,
    Sans écouter le chien qui gronde,
    Pars avec ta charrue et ton rude aiguillon :
    Tu sais que le temps presse, et qu’il faut au sillon
    Jeter tout l’avenir d’un monde.

    Il part ; la plaine immense, au lever du soleil,
    N’a pas...

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    Mars préside aux travaux de la jeune saison ;
    A peine l’aube errante au bord de l’horizon
    Teinte de pâle argent la mare solitaire,
    Le laboureur, fidèle ouvrier de la terre,
    Penché sur la charrue, ouvre d’un soc profond
    Le sein toujours blessé, le sein toujours fécond.
    Sous l’inflexible joug qu’un cuir noue à leurs cornes,
    Les bœufs à l’œil...

  • Or ce vieillard était horrible : un de ses yeux,
    Crevé, saignait, tandis que l’autre, chassieux,
    Brutalement luisait sous son sourcil en brosse ;
    Les cheveux se dressaient d’une façon féroce,
    Blancs, et paraissaient moins des cheveux que des crins ;
    Le vieux torse solide encore sur les reins,
    Comme au ressouvenir des balles affrontées,
    Cambré,...

  • Or ce vieillard était horrible : un de ses yeux,
    Crevé, saignait, tandis que l’autre, chassieux,
    Brutalement luisait sous son sourcil en brosse ;
    Les cheveux se dressaient d’une façon féroce,
    Blancs, et paraissaient moins des cheveux que des crins ;
    Le vieux torse solide encore sur les reins,
    Comme au ressouvenir des balles affrontées,
    Cambré,...

  • I

    Dans les planches d'anatomie
    Qui traînent sur ces quais poudreux
    Où maint livre cadavéreux
    Dort comme une antique momie,

    Dessins auxquels la gravité
    Et le savoir d'un vieil artiste,
    Bien que le sujet en soit triste,
    Ont communiqué la Beauté,

    On voit, ce qui rend plus complètes
    Ces mystérieuses horreurs,
    Bêchant comme...

  • Le semoir, la charrue, un joug, des socs luisants,
    La herse, l'aiguillon et la faulx acérée
    Qui fauchait en un jour les épis d'une airée,
    Et la fourche qui tend la gerbe aux paysans ;

    Ces outils familiers, aujourd'hui trop pesants,
    Le vieux Parmis les voue à l'immortelle Rhée
    Par qui le germe éclôt sous la terre sacrée.
    Pour lui, sa tâche est faite ; il...

  • Laboureur ! - Il n'était, ne voulut jamais être
    Que laboureur ; - un beau laboureur, lent et doux
    Et fort comme ses boeufs, qui l'aimaient entre tous
    Leurs bouviers, et venaient très docilement mettre,
    Dès son premier appel, leurs cornes et leurs cous
    Sous le dur joug en bois de hêtre...

    A vingt ans il dut les quitter, étant conscrit ;
    Mais, libéré,...

  • Derrière deux grands boeufs ou deux lourds percherons,
    L'homme marche courbé dans le pré solitaire,
    Ses poignets musculeux rivés aux mancherons
    De la charrue ouvrant le ventre de la terre.

    Au pied d'un coteau vert noyé dans les rayons,
    Les yeux toujours fixés sur la glèbe si chère,
    Grisé du lourd parfum qu'exhale la jachère,
    Avec calme et lenteur il...