• La vie et la douleur m’ont appris la sagesse,
    La voici : l’amour est mortel.
    Il meurt même avant nous, et l’homme, en sa détresse,
    N’a point d’ennemi plus cruel.

    Qu’est-ce donc que la vie ?...

  •  
    O Maître ! longuement j’ai pensé ta pensée,
    Et mon cœur a gémi ce qu’a gémi ton cœur ;
    Revivant après toi ta souffrance passée,
    J’ai de tes jours amers bu l’amère liqueur.

    De tes déceptions la moisson m’est connue ;
    Le sort ne me fut pas plus qu’à toi léger :
    Comme toi j’ai trouvé la vie et lourde et nue ;
    Rien de l’homme ici-bas n’est à l’...

  • O jeunes gens, espoir de l’antique Ausonie,
    — Si vous me pardonnez ce langage un peu vieux —
    Héritiers et gardiens de son divin génie ;
    Vous qui lui referez des jours prestigieux ;

    Je vous ouvre en ces vers ma veine généreuse,
    Ardente à s’épancher, d’un flot égal et plein ;
    Par un matin d’été de la Toscane heureuse,
    Au rythme des fléaux qui séparent...

  • ... Quand même grandirait l'abjection publique
    A ce point d'adorer l'exécrable trompeur ;
    Quand même l'Angleterre et même l'Amérique
    Diraient à l'exilé : - Va-t'en ! nous avons peur !

    Quand même nous serions comme la feuille morte,
    Quand, pour plaire à César, on nous renîrait tous ;
    Quand le proscrit devrait s'enfuir de porte en porte,
    Aux hommes...

  • Mon rêve a ployé l'aile. En l'ombre qui s'étend,
    Il est comme un oiseau que le lacet captive.
    Malgré des jours nombreux ma fin semble hâtive ;
    Je dis l'adieu suprême à tout ce qui m'entend.

    Je suis content de vivre et je mourrai content.
    La mort n'est-elle pas une peine fictive ?
    J'ai mieux aimé chanter que jeter l'invective.
    J'ai souffert, je pardonne...