Le printemps maladif a chassé tristement
L’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide,
Et dans mon être à qui le sang morne préside
L’impuissance s’étire en un long bâillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’...

Longuement poursuivi par le spleen détesté,
Quand je vais dans les champs, par les beaux soirs d’été.
Au grand air rafraîchir mes tempes,
Je ris de voir, le long des bois, les fiancés
...

Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d’un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l’incurable ennui que verse mon baiser.
 
Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les...

Veux-tu, sur les grands monts aux vertes chevelures,
Où l’haleine des soirs balsamiques t’attend,
Voir aux molles lueurs de Vesper hésitant,
Des chevriers tardifs les étranges allures ;

Et sur ces flancs ouvrés en mille dentelures
Me dire ces vieux airs où le cœur...

L’âpre hiver se dissipe aux souffles printaniers,
La barque oisive au flot se livre ;
L’étable et l’âtre, enfin, lâchent leurs prisonniers
...

Pareille en ton caprice aux reines d’Orient,
Bizarre déité, qui fais en souriant
Mourir ceux qui venaient de s’enivrer la tête
Aux parfums de ton corps, à la brûlante fête
Que leur donnaient tes seins d’où ruisselait l’amour :
— Reine, malgré la mort, quand apparaît...

Poet: Jean Lahor

Oh ! si tu pouvais, comme la sirène,
Emporter mon cœur dans le fond des eaux,
Dans un clair palais, où tu serais reine,
Dans un palais clair tout rempli d’oiseaux,

Où près des bassins faits de porcelaine,
Pleins de nénuphars et de longs roseaux,
Je m’...

Poet: Jean Lahor

Accoudé quelquefois derrière ma persienne,
Que le soleil discret visite obliquement,
Je regarde passer une parisienne
Qui s’éloigne d’un leste et gai sautillement.

Avec son air mutin, son bonnet de dentelle
Posé sur ses cheveux comme un blanc papillon,
Sa...

Quand j’ai gagné tous ces volumes,
J’étais encor petit garçon ;
Mais j’usais très-vite mes plumes
Et j’apprenais bien ma leçon.

Maintenant que mon front grisonne,
Je ressuscite et je souris,
Fils bien aimé, quand je te donne
Mon trésor d’enfant, mes...

Ami, l’enjambement te répugne, et tu veux
Que Sara la baigneuse attache ses cheveux
Et rentre dans les fils d’un hamac plus avare
Son petit pied pleuré des mines de Carrare.
Te voilà désolé si la liberté veut
Qu’un mot sorte du vers. Jamais ton vers ne peut,
...