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    Au poète Henri Allorge.

    À travers les fourrés de la forêt déserte
    Le clair soleil vernal glissant un chaud rayon,
    Depuis une heure, y teint d’or et de vermillon
    Un frais ruisseau d’argent ― frangé de mousse verte ―
    Qui fredonne et bénit sans doute en sa chanson
    Le clair soleil vernal glissant un chaud rayon
    À travers les fourrés...

  • LA FORÊT

    La forêt est un monde et sa vie est la mienne.

    D’aussi loin qu’il me souvienne,
    Sa présence me fut un magnifique émoi ;
    Tout jeune encor, quand je m’en fus vers elle,
    Je sentis pénétrer sa rumeur éternelle
    Obscurément, au fond de moi.

    J’en avais crainte et joie et j’aimais le mystère...

  • Enseveli dans l’herbe verte
    Sur la lisière d’un grand bois,
    Je recueille, l’oreille ouverte,
    Tous les chants et toutes les voix.

    Tandis que dans un ciel d’opale
    Le soleil rouge disparaît ;
    Souvent je penche mon front pâle
    Vers le sol noir de la forêt.

    Et les yeux fixés sur la mousse,
    Spectacle charmant et profond,
    Je regarde l’herbe...

  • Seront-ils toujours là quand nous disparaîtrons ?
    Les voilà, roidissant leurs vénérables troncs
    Qui des vents boréens ont lassé les colères,
    Eux, les arbres, longs murs de héros séculaires
    Durcis aux noirs assauts des hivers meurtriers,
    Inexpugnable bloc d’immobiles guerriers
    Qui sous le choc prochain des rafales nocturnes
    Pour un instant se font tout...