• A tout jamais, d'un amour immuable,
    La veuil servir, comme la plus notable
    Qui soit vivant, et du plus beau maintien.
    La raison est : car son coeur et le mien
    Ne sont plus qu'un par un vouloir semblable.

    Elle, voyant mon mal estre importable,
    M'a dit ce mot qui tant m'est agréable :
    "Mon coeur avez ; et le vostre retien
    A tout jamais."

    ...

  • Anges, Trônes et Dominations,
    Principaultés, Archanges, Chérubins,
    Inclinez-vous aux basses régions
    Avec Vertus, Potestés, Seraphins,
    Transvolitez des haults cieux cristalins
    Pour decorer la triumphante entrée
    Et la très digne naissance adorée,
    Le saint concept par mysteres tres haults
    De celle Vierge, ou toute grace abonde,
    Decretee par dits...

  • En verrai ge jamais la fin,
    De voz oeuvres, Merancolie ?
    Quand au soir de vous me deslie
    Vous me ratachez au matin.

    J'aimasse mieulx autre voisin
    Que vous qui sy fort me guerrie ;
    En verrai ge jamais la fin,
    De voz oeuvres, Merancolie ?

    Vers moy venez en larrecin
    Et me robez Plaisance lie ;
    Suis je destiné en ma vie
    D'estre...

  • Sequestré pour jamais et du monde et de moy
    Et plus qu'onc esclairci de la douce lumiere
    Dont l'Esprit donne-esprit par faveur singuliere
    Me descouvre, bening, les secrets de la foy,

    Que de divinitez en l'ame je conçoy,
    Voire tant s'elargit sa grandeur familiere
    Que le Ciel il m'octroye en jouissance entiere,
    Et fait que mon Dieu mesme en esprit...

  • Je suis plus pauvre que jamais
    Et que personne ;
    Mais j'ai ton cou gras, tes bras frais,
    Ta façon bonne
    De faire l'amour, et le tour
    Leste et frivole
    Et la caresse, nuit et jour,
    De ta parole.

    Je suis riche de tes beaux yeux,
    De ta poitrine,
    Nid follement voluptueux,
    Couche ivoirine
    Où mon désir, las d'autre part,
    Se...

  • Le temps ne bouge point et jamais ne repose,
    La vie instable fuit et ne chemine pas,
    Fortune escrime et bat sans remuer les bras,
    Le monde nous dépêche et n'en savons la cause.

    L'ami avec l'ami se trompe à lèvre close,
    La chair sans le sentir consomme nos ébats,
    Languissant sans secours le coeur chet au trépas,
    Et la nuit à nos yeux effroyable s'...

  • Plût-il à Dieu n'avoir jamais tâté
    Si follement le tétin de m'amie !
    Sans lui vraiment l'autre plus grande envie,
    Hélas ! ne m'eût, ne m'eût jamais tenté.

    Comme un poisson, pour s'être trop hâté,
    Par un appât, suit la fin de sa vie,
    Ainsi je vois où la mort me convie,
    D'un beau tétin doucement apâté.

    Qui eût pensé, que le cruel destin
    ...

  • Est-ce à jamais, folle espérance,
    Que tes infidèles appas
    M'empêcheront la délivrance
    Que me propose le trépas ?

    La raison veut, et la nature,
    Qu'après le mal vienne le bien ;
    Mais en ma funeste aventure,
    Leurs règles ne servent de rien.

    C'est fait de moi, quoi que je fasse ;
    J'ai beau plaindre et beau soupirer,
    Le seul remède en ma...

  • La hache ? Non. Jamais. Je n'en veux pour personne.
    Pas même pour ce czar devant qui je frissonne,
    Pas même pour ce monstre à lui-même fatal.
    Qui supprime Tyburn abolit White-Hall ;
    Et quand la mort, ouvrant son désastreux registre,
    Me dit : - Que jettes-tu dans ce panier sinistre ?
    Ou la tête du peuple, ou la tête du roi ?
    Je dis : - Ni celle-ci, ni...

  • Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe !
    Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe !
    Qui sait combien de jours sa faim a combattu !
    Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu,
    Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées
    S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées !
    Comme au bout d'une branche on voit étinceler
    Une goutte de pluie...