Est-ce à jamais, folle espérance ...

Est-ce à jamais, folle espérance,
Que tes infidèles appas
M'empêcheront la délivrance
Que me propose le trépas ?

La raison veut, et la nature,
Qu'après le mal vienne le bien ;
Mais en ma funeste aventure,
Leurs règles ne servent de rien.

C'est fait de moi, quoi que je fasse ;
J'ai beau plaindre et beau soupirer,
Le seul remède en ma disgrâce,
C'est qu'il n'en faut point espérer.

Une résistance mortelle
Ne m'empêche point son retour ;
Quelque Dieu qui brûle pour elle
Fait injure à mon amour.

Ainsi trompé de mon attente,
Je me consume vainement,
Et les remèdes que je tente
Demeurent sans événement.

Toute nuit enfin se termine,
La mienne seule a ce destin,
Que d'autant plus qu'elle chemine,
Moins elle approche du matin.

Adieu donc, importune peste,
A qui j'ai trop donné de foi ;
Le meilleur avis qui me reste,
C'est de me séparer de toi.

Sors de mon âme, et t'en va suivre
Ceux qui désirent de guérir ;
Plus tu me conseilles de vivre,
Plus je me résous de mourir.

Collection: 
1592

More from Poet

  • Est-ce à jamais, folle espérance,
    Que tes infidèles appas
    M'empêcheront la délivrance
    Que me propose le trépas ?

    La raison veut, et la nature,
    Qu'après le mal vienne le bien ;
    Mais en ma funeste aventure,
    Leurs règles ne servent de rien.

    C'est...

  • Chère beauté que mon âme ravie
    Comme son pôle va regardant,
    Quel astre d'ire et d'envie
    Quand vous naissiez marquait votre ascendant,
    Que votre courage endurci,
    Plus je le supplie moins ait de merci ?

    En tous climats, voire au fond de la Thrace,
    Après...

  • Tu vois, passant, la sépulture
    D'un chef-d'oeuvre si précieux,
    Qu'avoir mille rois pour aïeux
    Fut le moins de son aventure.

    L'experte main de la nature,
    Et le soin propice des cieux,
    Jamais ne s'accordèrent mieux
    A former une créature.

    On doute...

  • Ma Crisante avec une foi
    Dont l'âge atteste l'innocence,
    M'a fait serment qu'en mon absence
    Elle aura mémoire de moi.

    Cette faveur si peu commune
    Me donne tant de vanité
    Qu'à la même divinité
    J'ose comparer ma fortune.

    Peut-être qu'elle me déçoit...

  • Infidèle mémoire
    Pourquoi fais-tu gloire
    De me ramentevoir
    Une saison prospère
    Que je désespère,
    De jamais plus revoir ?