• " Beaux enfants, vous perdrez la plus
    Belle rose de vo chapeau ;
    Mes clercs près prenant comme glus,
    Se vous allez à Montpipeau
    Ou à Ruel, gardez la peau :
    Car, pour s'ébattre en ces deux lieux,
    Cuidant que vausît le rappeau,
    Le perdit Colin de Cayeux.

    " Ce n'est pas un jeu de trois mailles,
    Où va corps, et peut-être l'âme.
    Qui perd, rien...

  • " Or y pensez, belle Gautière
    Qui écolière souliez être,
    Et vous, Blanche la Savetière,
    Or est-il temps de vous connaître :
    Prenez à dêtre ou à senêtre ;
    N'épargnez homme, je vous prie ;
    Car vieilles n'ont ne cours ne être,
    Ne que monnoie qu'on décrie.

    " Et vous, la gente Saucissière
    Qui de danser êtes adêtre,
    Guillemette la Tapissière,...

  • J'étais un faible enfant qu'elle était grande et belle ;
    Elle me souriait et m'appelait près d'elle.
    Debout sur ses genoux, mon innocente main
    Parcourait ses cheveux, son visage, son sein,
    Et sa main quelquefois, aimable et caressante,
    Feignait de châtier mon enfance imprudente.
    C'est devant ses amants, auprès d'elle confus,
    Que la fière beauté me...

  • Sombre divinité, de qui la splendeur noire
    Brille de feux obscurs qui peuvent tout brûler :
    La neige n'a plus rien qui te puisse égaler,
    Et l'ébène aujourd'hui l'emporte sur l'ivoire.

    De ton obscurité vient l'éclat de ta gloire,
    Et je vois dans tes yeux, dont je n'ose parler,
    Un Amour africain, qui s'apprête à voler,
    Et qui d'un arc d'ébène aspire...

  • Ô belle Noémie, approche, embrasse-moi,
    Et ne m'allègue plus ma sainte ardeur éprise,
    Disant que je m'en aille à Théophile exquise
    A qui j'offris mes voeux premièrement qu'à toi.

    Je me fâche vraiment de ce double renvoi
    Qui fraude les loyers de ma brave entreprise :
    Le grand Prince use ainsi d'une feinte remise
    Pour égarer l'effet de sa douteuse foi...

  • Tout beau corps, toute belle image
    Sont grossiers auprès du visage
    Que Philis a receu des cieux,
    Sa bouche, son ris et ses yeux
    Mettent tous les coeurs au pillage.

    Sa gorge est un divin ouvrage,
    Rien n'est si droit que son corsage,
    En fin elle a, pour dire mieux,
    Tout beau.

    Parmy tout, ce qui plus m'engage,
    C'est un certain...

  • Sonnet

    Vous êtes jeune et belle, et vos lèvres rieuses
    N'ont que charmants souris tout fraîchement éclos ;
    Le temps sonne pour vous ses heures folles, joyeuses
    Qui vont se succédant comme les flots aux flots.

    L'amour pour vos plaisirs rend plus voluptueuses
    Ces langueurs qui s'en vont en de tendres sanglots ;
    La fortune, les ris, et les...

  • Quand cette belle fleur premièrement je vis,
    Qui notre âge de fer de ses vertus redore,
    Bien que sa grand' valeur je ne connusse encore,
    Si fus-je en la voyant de merveille ravi.

    Depuis, ayant le cours de fortune suivi,
    Où le Tibre tortu de jaune se colore,
    Et voyant ces grands dieux, que l'ignorance adore,
    Ignorants, vicieux et méchants à l'envi...