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    C’était une amitié simple et pourtant secrète :
    J’avais sur sa parure un fraternel pouvoir,
    Et quand au seuil d’un bal nous nous trouvions le soir,
    J’aimais à l’arrêter devant moi tout prête.

    Elle abattait sa jupe en renversant la tête,
    Et consultait mes yeux comme un dernier miroir,
    Puis elle me glissait un furtif : « Au revoir ! »
    Et belle,...

  • Mignonne, voici le juin.
    Il fait une chaleur folle
    À griller un Bédouin,
    À fondre le Protocole.

    C’est le moment de sottir
    Et d’aller à la campagne
    Au lieu d’icigo rôtir.
    Viens, qui m’aime m’accompagne.

    Si tu veux, soyons hideux :
    Mets ton habit de cycliste
    Équivoque et hasardeux...

  • O lune, ô belle nuit, sérénité profonde,
    Ruissellement du ciel étoilé sur le monde,
    Quiétude des champs où flottent des pâleurs
    Sur la verdure unie et sur l’émail des fleurs,
    Mystère des grands bois, pleins d’ombres illusoires,
    Avec leurs blancs rayons coupés de branches noires,
    Douceur dont l’univers immobile est rempli,
    Fous, solitude, et vous,...

  • Sur l’adresse de cette lettre,
    Quelle erreur fit tomber mon nom ?
    Est-ce bien moi qu’on daigne admettre
    Aux plaisirs brillants d’un salon ?
    Où la mode commande en reine,
    Hélas ! on m’accueillerait mal.
    Je suis moins heureux que Sedaine…
    Non, non, je n’irai pas au bal.

    Là, sous les lois de l’étiquette,
    Il faut plier à tout moment ;
    ...

  • Le rythme séducteur nous appelle ; venez
    Lui répondre en mes bras, jeune fille inconnue.
    Valsons légèrement de tous côtés cernés,
    Et qu'en nous la clameur des besoins s'atténue.

    Pendant que nous serons ensemble, je ne veux
    Ni sonder vos secrets, ni dévoiler mon âme,
    Mais simplement pencher mon front sur vos cheveux,
    Tourner dans un remous de lumière...

  • C'était une amitié simple et pourtant secrète :
    J'avais sur sa parure un fraternel pouvoir,
    Et quand au seuil d'un bal nous nous trouvions le soir,
    J'aimais à l'arrêter devant moi tout prête.

    Elle abattait sa jupe en renversant la tête,
    Et consultait mes yeux comme un dernier miroir,
    Puis elle me glissait un furtif : "Au revoir !"
    Et belle, en...

  • Mon enfant, ma soeur,
    Songe à la douceur
    D'aller là-bas vivre ensemble !
    Aimer à loisir,
    Aimer et mourir
    Au pays qui te ressemble !
    Les soleils mouillés
    De ces ciels brouillés
    Pour mon esprit ont les charmes
    Si mystérieux
    De tes traîtres yeux,
    Brillant à travers leurs larmes.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme...

  • Je t'attends samedi, car Alphonse Allais, car
    A l'ombre, à Vaux, l'on gèle. Arrive. Oh ! la campagne !
    Allons - bravo ! - longer la rive au lac, en pagne ;
    Jette à temps, ça me dit, carafons à l'écart.

    Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche !
    L'attrait (puis, sens !) : une omelette au lard nous rit,
    Lait, saucisse, ombre, thé des poires et des...

  • Mon coeur est un beau lac solitaire qui tremble,
    Hanté d'oiseaux furtifs et de rameaux frôleurs,
    Où le vol argenté des sylphes bleus s'assemble
    En un soir diaphane où défaillent des fleurs.

    La lune y fait rêver ses pâleurs infinies ;
    L'aurore en son cristal baigne ses pieds rosés ;
    Et sur ses bords, en d'éternelles harmonies,
    Soupire l'orgue des...