- Bon jour, bon an et bonne étrenne
Et dieu gard' de mal mes mignons.
D'où venez-vous ? qui vous amène ?
- Bon jour, bon an et bonne étrenne,
Nous venons de la verte plaine,
De dire motets et chansons.
- Bon jour, bon an et bonne étrenne
Et Dieu gard' de mal mes mignons.
-
-
Il n'est que l'ombre de la treille
Pour se rafraîchir plaisamment
Et n'y a ombre sa pareille
Ni qui tienne plus fraîchement,
Et si est saine grandement.
Puis troncs, branches, fruits et la feuille
(Mais qu'en leur saison on les cueille),
Tout est à l'homme secourable,
Et (qui est plus grande merveille)
Leur liqueur est très profitable. -
Le temps n'est plus tel comme il soulait être
Loyale amour ne règne qu'en écus,
Foi est malade, on sert le dieu
Bacchus Et les brebis font plusieurs moutons paître.
L'église a mis la tête hors du chevêtre,
Vérité dort, faveur tient droit reclus,
Justice est morte et ne s'en parle plus,
Et charité ne vient point comparaître.
Tous les... -
Névralgie
I
Jusques à mon chevet me poursuit mon idée
Fixe : toutes les nuits j'en ai l'âme obsédée.
Pour noyer au sommeil ce démon flétrissant,
Des sucs de l'opium le charme est impuissant.
Au seuil de mon oreille, une voix sourde et basse
Comme l'essoufflement d'un homme qui trépasse
Murmure : Pauvre fou ! sois d'airain désormais.... -
Rodomontade
Il était appuyé contre l'arche massive
De ce vieux pont romain, dont la base lascive
S'use aux attouchements des flots :
L'astre des nuits lustrait son visage Dantesque,
Et le Nord dérangeait son manteau gigantesque
Avec de sauvages sanglots.
À voir son crâne ardu, sa fauve chevelure,
De son cou léonin la musculeuse allure,... -
Dandysme
I
C'est l'heure symphonique où, parmi les ramures,
Roulent du rossignol les tendres fioritures ;
L'heure voluptueuse où le coeur des amants,
Au seuil du rendez-vous, double ses battements.
Des murmures du soir les merveilles suaves
D'un mol enivrement chargent les sens esclaves.
L'atmosphère est sans brume, et, dans ses... -
Nécropolis
Sur la terre on est mal : sous la terre on est bien.
(PETRUS BOREL)
I
Voici ce qu'un jeune squelette
Me dit les bras croisés, debout, dans son linceul,
Bien avant l'aube violette,
Dans le grand cimetière où je passais tout seul :
II
Fils de la solitude, écoute !
Si le Malheur, sbire cruel,
... -
Et je m'étais fait une vie
Si digne d'amour ou d'envie,
Une vie à décourager
Tout coeur qui lutte ou dissimule,
Tout adversaire ou tout émule,
Cerveau pensif ou coeur léger.
Maintenant ma vie est en cendres.
Ses trois merveilles les plus tendres
Ont flambé comme plume au feu
Et ma dernière destinée
Était morte avant d'être née,... -
À José Maria de Heredia.
De ses quatre pieds purs faisant feu sur le sol,
La Bête chimérique et blanche s'écartèle,
Et son vierge poitrail qu'homme ni dieu n'attelle
S'éploie en un vivace et mystérieux vol.
Il monte, et la crinière éparse en auréole
Du cheval décroissant fait un astre immortel
Qui resplendit dans l'or du ciel nocturne, tel... -
Plus pur que l'air nocturne où l'or bleu s'éblouit
Plus pur que le désir suscité par les astres
Un coeur de marbre qu'un lent souffle épanouit
Éclôt d'une colonne où l'or des astres luit.
Fleur ! ô les coeurs d'acanthe aux cous blancs des pilastres !
Les souvenirs de l'être et du jour et du bruit
Se perdent, vieux voiles oubliés par leur âme.
Le...