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    Quand le soleil se couche horizontal,
    De longs rayons noyant la plaine immense,
    Comme un blé mûr, le ciel occidental
    De pourpre vive et d’or pur se nuance ;
    L’ombre est plus grande et la clarté s’éteint
    Sur le versant des pentes opposées ;
    Enfin, le ciel, par degrés, se déteint,
    Le jour s’efface en des brumes rosées.

              Reposons-...

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    La voix du coq et de l’aurore
    A réveillé le moissonneur ;
    Mais rien ici ne bouge encore,
    Hors moi seul, oisif promeneur.

    Pas un frisson, pas une haleine
    N’ont ridé l’or des blés épais ;
    Pas un bruit dans l’immense plaine ;
    La nature entière est en paix.

    On dirait que tout se repose :
    Non, tout se hâte avec lenteur ;
    L’Esprit...

  • Le plaisir mystique et païen,
    L'amour, la beauté, le désir
    Ont fait plus de mal que de bien
    A mon âme qui s'en revient
    Lasse d'aimer et de souffrir.

    Allez, mon âme inassouvie,
    Dormir dans l'ombre le grand somme,
    Ayant rêvé, par triste envie,
    La joie au delà de la vie,
    Et l'amour au-dessus des hommes...

  • Ode

    Je n'ai repos ni nuit ni jour,
    Je brûle, et je me meurs d'amour,
    Tout me nuit, personne ne m'aide,
    Le mal m'ôte le jugement,
    Et plus je cherche de remède,
    Moins je trouve d'allégement.

    Je suis désespéré, j'enrage,
    Qui me veut consoler m'outrage,
    Si je pense à ma guérison,
    Je tremble de cette espérance,
    Je me fâche...

  • Ministre du repos, Sommeil père des songes,
    Pourquoi t'a-t-on nommé l'image de la mort ?
    Que ces faiseurs de vers t'ont jadis fait de tort,
    De le persuader avecque leurs mensonges !

    Faut-il pas confesser qu'en l'aise où tu nous plonges,
    Nos esprits sont ravis par un si doux transport,
    Qu'au lieu de raccourcir, à la faveur du sort,
    Les plaisirs de nos...

  • Tout le repos, ô nuit, que tu me dois,
    Avec le temps mon penser le dévore :
    Et l'horloge est compter sur mes doigts
    Depuis le soir jusqu'à la blanche Aurore.
    Et sans du jour m'apercevoir encore,
    Je me perds tout en si douce pensée,
    Que du veiller l'âme non offensée
    Ne souffre au corps sentir cette douleur
    De vain espoir toujours récompensée
    ...

  • Désespéré, chétif, du repos de ma vie,
    Je chemine à grands pas au sentier douloureux
    De l'Orque épouvantable, où le sort rigoureux
    Avait dès le berceau ma jeunesse asservie.

    Là l'horreur de la nuit sombrement obscurcie,
    Et l'effroi pâlissant de l'Achéron ombreux,
    Avec tous les tourments des Enfers ténébreux,
    Puissent combler mon chef d'indomptable...

  • La nuit est bleue et chaude, et le calme infini...
    Roulé dans son manteau, le front sur une pierre,
    Joseph dort, le coeur pur, ayant fait sa prière ;
    Et l?âne à ses côtés est comme un humble ami.

    Entre les pieds du sphinx appuyée à demi,
    La vierge, pâle et douce, a fermé la paupière ;
    Et, dans l?ombre, une étrange et suave lumière
    Sort du petit Jésus...

  • Père du doux repos, Sommeil, père du Songe,
    Maintenant que la nuit, d'une grande ombre obscure,
    Fait à cet air serein humide couverture,
    Viens, Sommeil désiré et dans mes yeux te plonges.

    Ton absence, Sommeil, languissamment allonge
    Et me fait plus sentir la peine que j'endure.
    Viens, Sommeil, l'assoupir et la rendre moins dure,
    Viens abuser mon...