• D'où vient cela que l'envieuse rage,
    Qui les coeurs ronge, entreprend de blâmer
    Mes ans oisifs, et les vers un ouvrage
    D'un pauvre esprit et paresseux nommer,

    En m'accusant que je ne suis la trace,
    Étant dispos, de mes nobles aïeux,
    Qui ont conquis par la poudreuse place
    Et par le sang maint loyer vertueux ?

    Ou bien pourquoi me reprend-elle d...

  • Quand ma nymphette jolie
    Tourne devers moi ses yeux,
    Hors de moi s'enfuit ma vie,
    De moi navré furieux.
    Si une fois ma cruelle
    Détourne ses yeux de moi,
    Blessé de rage nouvelle,
    Je meurs en plus dur émôi.
    Que ferais-je donc pour vivre ?
    Quel jus reboirai-je, hélas ?
    Faudrait-il point que délivre
    Je me visse de ses lacs ?
    Ce...

  • Muses, adieu, et votre chant jazard !
    Adieu Phoebus, et ma fière déesse !
    Livres, adieu, adieu la tourbe espesse
    De mes amys, adieu tout jeu mignard !

    Adieu guiterre, adieu luth babillard,
    Toute harmonie et tout son de liesse,
    Gemmes, parfums, et toute gentillesse,
    Tout lieu hanté, tout ombrage à l'écart !

    Ainsy la mort, par une blanche voye...

  • Dame d'honneur par-dessus les étoiles
    Exaltée es très glorieusement,
    Allaité as de tes saintes mamelles
    Celui qui t'a créé providamment.

    Par le fruit que mangea notre grand'mère,
    Du lieu de paix fûmes privés jadis
    Mais ton saint fruit nous ôte de misère
    En nous rendant la joie et paradis.

    Tu es la porte où passa le haut roi :
    Porte...

  • Miséricorde, qui est si pitoyable,
    Ne devrait pas des princes être loin,
    Mais aujourd'hui elle a l'épée au poing
    Souffrant punir cil qui n'est point coupable,
    Elle tire, de façon admirable,
    D'un arc turquois et Rigueur s'appareille
    De lui souffler paroles en l'oreille ;
    Tel vent la fait inane et variable ;
    D'autre côté est l'Homme insatiable...

  • Sotz lunatiques, Sotz estourdis, Sotz sages,
    Sotz de villes, de chasteaulx, de villages,
    Sotz rassotez, Sotz nyais, Sotz subtils,
    Sotz amoureux, Sotz privez, Sotz sauvages,
    Sotz vieux, nouveaux, et Sotz de toutes ages
    Sotz barbares, estranges et gentilz,
    Sotz raisonnables, Sotz pervers, Sotz retifs,
    Vostre Prince, sans nulles intervalles,
    Le Mardy...

  • Considérez que guerre, l'immortelle,
    Par son regard fier les courages tente ;
    Dissension, héritier de cautelle,
    Loge Fureur en pavillon ou tente :
    Vengeance sort, laquelle essaye ou tente
    De succomber ses ennemis mortels,
    Remémorant qu'en guerre sont morts tels
    Qui en France portent un grand dommage,
    Mêmes perdu or, argent et alloy,
    Par...

  • Pensive suis, frappée d'ung subtil dart,
    Et n'ay science ou habilité d'art
    D'oster mon cueur d'amoureuse poincture,
    Se ne complais à ma dame, Nature,
    Qui mon esprit nuyt et jour brusle et art.

    En plusieurs lieux je gette mon regard,
    Et si ne voy nul qui me dye "Dieu gard !"
    En ce beau lieu où prens ma nourriture,
    Pensive suis, frappée d'ung...

  • Ballade

    Considérez que gens vindicatifs
    Qui ne veulent les fautes pardonner,
    Sont de péché les enfants nutritifs
    Et ne veut Dieu de leur cas ordonner.
    Tout homme humain se doit abandonner
    A pardonner si on lui quiert merci,
    Où jà son coeur ne sera éclairci
    Quelque prière que par devers Dieu fasse,
    Qui pardonne mérite d'avoir grâce ;...

  • L'âme de moi, sous cette chair enclose,
    En nul vivant ores plus ne se fie :
    Car elle estime, honore et magnifie
    Le Seigneur Dieu par-dessus toute chose.

    Et mon esprit, pour la bonne assurance
    De voir la fin d'ennuyeuse tristesse,
    Se réjouit et fonde sa liesse
    En Dieu, mon bien et ma sûre espérance,

    Qui a daigné, par douceur amoureuse,...