Si en un lieu solitaire
Les ennuis me font retraire
Pour me plaindre tout seulet,
Si je cherche les montagnes,
Ou des plus vertes campagnes
Le murmurant ruisselet ;
Lors ces choses tant secrètes,
Bien qu'aux autres soient muettes,
Me voyant en tel émoi,
Toutes d'un chant pitoyable,
Mais, hélas ! peu secourable,
Gémissent avecque...
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Depuis le jour qu'il me convint distraire,
Et d'avec moy, comme voeuf m'absenter,
Je n'ay cessé de plaindre et lamenter,
Traisnant ma vie amerement austere.
Me desrobant dans un bois solitaire,
Rien ne se vient à mes yeux presenter
Fors une horreur, qui faict espouvanter
Mon cerveau vuide en cent doubtes contraire.
Morne et pensif, d'une face... -
Soit qu'esgaré par l'espesseur d'un bois,
Ou par l'horreur de quelque antre sauvage,
Ou soit qu'auprès d'un trepillant rivage,
Je tranche l'air des souspirs de ma voix ;
Soit qu'en resvant aux amoureuses loix,
Du rossignol j'escoute le ramage,
Ou qu'en pensant ramollir mon courage,
Mon luth j'anime au passer de mes doigts ;
Vers quelque... -
Quand tu naquis en ces bas lieux
Tous les dieux et les demi dieux
Et les déesses plus bénines
Gravèrent de lettres divines
Dans ton astre bien fortuné
"Le Délien est né !"
Tout le Parnassien troupeau
Chantant autour de ton berceau,
Te prévoyant son prêtre en France,
Disait en l'heur de ta naissance
Sur ton front déjà couronné
"... -
Ce n'est pas moy qui veut d'un feint ouvrage
Par mille vers farder sa passion,
Ou en flatant plaire à l'affection
De l'amoureux inconstant et vollage :
Ce n'est pas moy, qui, surpris d'une rage,
Trouble, insensé, de sa conception
Le vif dessein, ny doit l'intention
Est de se prendre en un si doux naufrage.
Ce n'est pas moy qui tasche de... -
En quel fleuve areneux jaunement s'écouloit
L'or, qui blondist si bien les cheveux de ma dame ?
Et du brillant esclat de sa jumelle flamme,
Tout astre surpassant, quel haut ciel s'emperloit ?
Mais quelle riche mer le coral receloit
De cette belle levre, où mon desir s'affame ?
Mais en quel beau jardin, la rose qui donne ame
A ce teint vermeillet,... -
D'où vient cela que l'envieuse rage,
Qui les coeurs ronge, entreprend de blâmer
Mes ans oisifs, et les vers un ouvrage
D'un pauvre esprit et paresseux nommer,
En m'accusant que je ne suis la trace,
Étant dispos, de mes nobles aïeux,
Qui ont conquis par la poudreuse place
Et par le sang maint loyer vertueux ?
Ou bien pourquoi me reprend-elle d... -
Quand ma nymphette jolie
Tourne devers moi ses yeux,
Hors de moi s'enfuit ma vie,
De moi navré furieux.
Si une fois ma cruelle
Détourne ses yeux de moi,
Blessé de rage nouvelle,
Je meurs en plus dur émôi.
Que ferais-je donc pour vivre ?
Quel jus reboirai-je, hélas ?
Faudrait-il point que délivre
Je me visse de ses lacs ?
Ce... -
Muses, adieu, et votre chant jazard !
Adieu Phoebus, et ma fière déesse !
Livres, adieu, adieu la tourbe espesse
De mes amys, adieu tout jeu mignard !
Adieu guiterre, adieu luth babillard,
Toute harmonie et tout son de liesse,
Gemmes, parfums, et toute gentillesse,
Tout lieu hanté, tout ombrage à l'écart !
Ainsy la mort, par une blanche voye...