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    SOUVENT, pour une phrase, un mot, votre douceur
    Votre sollicitude inquiète de sœur,
    S’irritent, et vos yeux, qui rient avec vos lèvres,
    Deviennent fiers et froids, pleins de mauvaise fièvre
    La défiance à votre front hautain paraît,
    Votre amour inscrivant sur lui son mal secret.
    Vous avez la voix brève et la parole dure…
    Ah ! vous ne pouvez pas...

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    Je ne me plaindrai point. La pâle Jalousie
    Retient sa voix tremblante et pleure un sang muet.
    Qu’ils vivent de longs jours, heureux sans poésie,
    Et qu’un amour tranquille habite leur chevet !

    Qu’il la possède bien, sans l’avoir désirée,...

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    Cependant que juché sur l’un des hauts divans
    Le chat jaune poussait de ronronnantes plaintes,
    Dans un boudoir gorgé de parfums énervants,

    Je veillais la très chère à genoux et mains jointes,
    Et mon baiser rôdeur, papillon de ses seins,
    Effleurait leurs contours et vibrait à leurs pointes.

    Vierges des nourrissons, vampires assassins,
    Ils...

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    Des saisons la plus désirée
    Et la plus rapide, ô printemps,
    Qu’elle m’est longue, ta durée !
    Tu possèdes mon adorée,
            Et je l’attends !

    Ton azur ne me sourit guère,
    C’est en hiver que je la vois ;
    Et cette douceur éphémère,
    Je ne l’ai dans l’année entière
            Rien qu’une fois.

    Mon bonheur n’est qu’une étincelle...

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    Aimons nous, ame de ma vie,
    Aimons, dans l’âge des amours ;
    De la vieillesse et de l’envie
    Que nous importent les discours ?
    On voit mourir et renaître les jours :
    Mais dès que la lumière, hélas ! Nous est ravie,
    Songes-y bien, c’est pour toujours.
    Jette toi dans mes bras ; je brûle, je t’adore,
    Viens,... au desir laissons-nous emporter....

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    « Amour ! Dans tous les temps des hommes t'ont chanté !
    Inventeurs d'un mensonge, ils auront tous porté
    Le cercle ardent qui reste aux martyrs, et la gloire
    D'avoir su faire un dieu de toi, forme illusoire ! »
    Comme en son souterrain, tel, encor ce jour-là,
    Le démon qui l'habite en mon esprit parla.
    Et depuis bien des mois il désolait ma vie ;
    ...

  • Ne t’en va pas, reste au rivage ;
    L’amour le veut, crois-en l’amour.
    La mort sépare tout un jour :
    Tu fais comme elle ; ah ! quel courage !

    Vivre et mourir au même lieu,
    Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! »

    Quitter l’amour pour l’opulence !
    Que faire seul avec de l’or ?
    Si tu reviens, vivrai-je encor ?
    Entendras-tu dans mon...

  • Jamais Hector aux guerres n’estoit lâche
    Lors qu’il alloit combattre les Gregeois.
    Tousjours sa femme attachoit son harnois,
    Et sur l’armet luy plantoit son pennache.

    Il ne craignoit la Pelienne hache
    Du grand Achille, ayant deux ou trois fois
    Baisé sa femme, et tenant en ses dois
    Quelque faveur de sa belle Andromache.

    Heureux cent fois toy...

  • Je le vois toujours, ce jambon,
    Avec un appétit nouveau.
    Fier, il pendait au soliveau
    Antique et noir comme un charbon.

    Oh ! devait-il être assez bon !
    Gros comme une cuisse de veau !
    Je le vois toujours, ce jambon,
    Avec un appétit nouveau.

    Il me hantait pour tout de bon
    L’estomac comme le...

  • JAN SNUL.

    La croix de paille est là, barrant la porte ;

    Signe de deuil : Jan Snul est mort.
    Ses chiens hurlent ; le vent du Nord

    Rafle leur plainte et vers les bois l’emporte.

    ...