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    La nuit claire bleuit les feuillages tremblants,
    Pose un crêpe mouillé sur les roses bruyères,
    Fait luire les talus comme des linges blancs,
    Baigne les ravins d’ombre, et d’azur les clairières.

    Dans son nimbe nacré la lune resplendit,
    Large et lente, effaçant les profondes étoiles ;
    La colline se hausse et le vallon grandit ;
    L’air froissé d’...

  •   Mes besoins et mon sang me guident sur la route ;
    Mon sang me parle, à moi, c’est mon sang que j’écoute :
    Je ne pense pas, moi, j’ai des sensations,
    Et mes simples désirs valent vos passions !

     
       Dans son hideux palais sous les roches creusé,
    Itobal rentre seul ; à côté de la porte,
    Il prend sa carabine et son damas bronzé ;
    ...

  • Les lourds rameaux neigeux du mélèze et de l’aune.
    Un grand silence. Un ciel étincelant d’hiver.
    Le Roi du Hartz, assis sur ses jarrets de fer,
    Regarde resplendir la lune large et jaune.

    Les gorges, les vallons, les forêts et les rocs
    ...

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    Souviens-toi des Démons méchants, Esprit des cieux !
    Esprit de l’Univers, souviens-toi des sept Dieux !

    Ils sont sept Dieux mauvais, irrités et farouches,
    Qui rôdent dans l’abîme et dessèchent la mer.
    Ils sont le résidu des eaux ; le vent amer
    S’amasse, tourbillonne et mugit dans leurs bouches ;
    Eux, les Dévastateurs, pourvoyeurs des tombeaux,...

  • Déjà la grange est tout en feu :

    Tourbillons noirs, flammes brandies ;
    Le toit se fend par le milieu ;
    Les souris crient dans l’incendie.

    On se hèle de bouge en bouge ;
    Des malades sortent du lit,
    Collant leurs fronts creux et pâlis
    Aux fenêtres tout à coup rouges.

    Les toits voisins brûlent en rond.
    ...

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    I
      
    Paris flambe à travers la nuit farouche et noire
    Le ciel est plein de sang, on brûle de l’Histoire,
    Théâtres et couvents, hôtels, châteaux, palais
    Qui virent les Fleurys après les Triboulets,
    Se débattent parmi les tourbillons de flammes
    Qui flottent sur Paris comme les oriflammes
    D’un peuple qui se venge au moment de mourir.
    ...

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    Hélas ! c’est donc ainsi que toute chose passe !
    Chaque jour qui s’enfuit n’est jamais racheté,
    Et le temps qui s’en va sans laisser nulle trace
    Nous porte lentement jusqu’à l’éternité.

    Mais nul ne connaît l’heure où la course s’achève.
    Alcyons fugitifs sur l’écume des flots,
    Nous allons, poursuivis par un semblable rêve,
    Mêlant la joie aux...

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    IL y a bien longtemps que j’attends, sans savoir…
    Depuis qu’une âme en moi respire, chante ou pleure,
    J’écoute s’approcher, joyeux ou triste, l’heure
    Qui bénira mon rêve ou tuera mon espoir !

    Qu’est-ce donc ? Ah ! mon cœur est comme un grand trou noir !
    Seule, l’incertitude anxieuse y demeure.
    Mais qu’un peu de lumière efficace l’effleure,
    J’...

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    Le soir, un vent fiévreux et lourd oppresse
    Parmi la rue où sont les restaurants,
    Alors que juin à des clameurs d’ivresse
    Mêle son âme aux souffles altérants.

    À peine si quelques voix d’enfants crient.
    À peine si l’on voit se détacher
    Loin, sur l’ennui morne des closeries,
    L’enseigne au croissant d’or d’un boulanger.

    Et chaque soir par...

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    Cette femme a souri quand j’ai passé près d’elle.
    Sait-elle qui je suis ? Et si j’étais sans foi,
    Sans honneur, sans amour, sans la moindre étincelle
    De cœur ni d’âme ! Elle eût encor souri pour moi…

    Funeste et ravissante, à l’inconnu qui passe
    Sa bouche offre un baiser de poison et de miel,
    Et ses yeux bleus, mêlés d’impudeur et de grâce,
    ...