• Si je veux abuser mon cœur
    D’une autre image que la sienne,
    Peu à peu, tristement moqueur,
    Il retrace l’image ancienne.

    C’est un pêle-mêle inouï,
    Où tous les traits viennent se fondre,
    Et le fantôme évanoui
    Ressuscite pour me répondre.

    Je vois ses yeux bruns d’autrefois,
    Ses cheveux blonds, son cher sourire,
    Je frémis encore à sa...

  •  

    La terre dans le ciel promène
    Sa face où vit l'humanité.
    La terre va ; la vie humaine
    Ronge son crâne tourmenté.

    Les hommes courent à leurs quêtes
    Sur la terre, ardents et pressés ;
    Comme aux vieux masques des coquettes
    S'obstinent les anciens pensers.

    La terre est vieille et décrépite,
    Et rêve encor, spectre blafard ;
    La...

  •  
    Que pour d’autres l’amour rende triste l’aurore
    Du regret frissonnant d’avoir hier aimé !
    Pour nous, dans l’air palpite et se répand encore
    La ténébreuse odeur dont tu l’as parfumé.

    N’as-tu pas vu, en nous, se lever de l’étreinte
    Un dieu né de notre âme et fait de notre chair,
    Et qui, debout au seuil de la maison éteinte,
    En la jeune clarté...

  • Un jeune homme, que la soif ardente de savoir
    Poussa à Saïs en Egypte,
    Pour apprendre la sagesse secrète des prêtres, avait
    Déjà franchi maint degré, grâce à la promptitude de son esprit ;
    Toujours son désir de connaître l’entraînait plus loin,
    Et le hiérophante avait peine à calmer
    L’impatience de ses aspirations. « Qu’ai-je,
    Si je n’ai tout ? disait...

  • Il est doux de raser en gondole la vague
    Des lagunes, le soir, au bord de l’horizon
    Quand la lune élargit son disque pâle et vague,
    Et que du marinier l’écho dit la chanson ;

    II est doux d’observer l’étoile qui rayonne,
    Paillette d’or cousue au dais du firmament,
    L’étoile qu’une blanche auréole environne,
    Et qui dans le ciel clair s’avance lentement...

  • Jeanne, tandis que tu fus belle,
    Tu le fus sans comparaison ;
    Anne à cette heure est de saison,
    Et ne vois rien si beau comme elle.
    Je sais que les ans lui mettront
    Comme à toi les rides au front,
    Et feront à sa tresse blonde
    Même outrage qu’à tes cheveux.
    Mais voilà comme va le monde :
    Je te voulus, et je la veux.

  •  
    Vous vous aimez avant tous,
    Paul, vous n’aimez que vous-même ;
    Mais si vous n’aimez que vous,
    Il n’est que vous qui vous aime.

    J. SAINTE-MARIE.

    [Le Conservateur littéraire, 15 avril 1820.]

  •  
    I suoi pensieri in lui dormir non ponno.
    TASSO. Ger. Lib., c. 10.

     

    Le Théâtre représente une chaumière des Alpes.

    MANFRED. — LE CHASSEUR DE CHAMOIS.

    LE CHASSEUR.

    NON, non ; restez, seigneur, vous ne pouvez...