• Près d’un champ de folles avoines
    Où, plus rouges que des pivoines,
    Ondulent au zéphyr de grands coquelicots,
    Elles gardent leurs boucs barbus comme des moines,
    ...

  •  

    I

    En décembre les jours sont de courte durée,
    Notre zone brumeuse est à peine éclairée :
    A la pointe du Raz, dès quatre heures du soir,
    Le soleil tombe en mer, la nuit jette son voile ;
    Et jusqu’au lendemain pas un rayon d’étoile.
    Sur la côte où le flot se brise, tout est noir.

    De la pointe du Raz aux bancs de la...

  • Du côté du canal, où ronflent et s’exilent

    Les trois usines de la ville,
    La gare,
    Avec ses coups de trompe et de sifflet,
    Avec ses signaux verts dans le soir violet,

    Luit et s’effare.

    Elle existe, vivant de peu, très à l’écart ;

    Où monte son pignon,...

  • Si la Garonne avait voulu,
    Lanturlu !
    Quand elle sortit de sa source,
    Diriger autrement sa course,
    Et vers le Midi s’épancher,
    Qui donc eût pu l’en empêcher ?
    Tranchant vallon, plaine et montagne,
    Si la Garonne avait voulu,
    ...

  •  
    Dans les temps qu’j’allais à l’école,
    ― Oùsqu’on m’vouèyait jamés bieaucoup, ―
    Je n’voulais pâs en fout’e un coup ;
    J’m’en sauvais fér’ des caberioles,
    Dénicher les nids des bissons,
    Sublailler, en becquant des mûres
    Qui m’barbouillin tout’la figure,
    Au yeu d’aller apprend’ mes l’çons ;
    C’qui fait qu’un jour qu’j’étais en classe,
    (...

  • Auguste regardait pensif couler le Tibre ;
    Il songeait aux Germains : ce peuple pur et libre
    L’étonnait ; ces gens-là lui causaient quelque effroi :
    Ils avaient de grands cœurs et n’avaient pas de roi.
    César trouvait mauvais qu’ils pussent se permettre
    D’être fiers, et de vivre insolemment sans maître.
    Puis le bon César prit pitié de leur erreur
    ...

  • Ce soir, un grand ciel clair, surnaturel, abstrait,
    Froid d’étoiles, infiniment inaccessible
    À la prière humaine, un grand ciel clair paraît.
    Il fige en son miroir l’éternité visible.

    Le gel étreint cet infini d’argent et d’or,
    Le gel étreint, les vents, la grève et le silence
    Et les plaines et les plaines ; le gel qui mord
    Les lointains bleus, où les...

  • Elle a, pour toute science,
    La gaîté de ses vingt ans ;
    C’est la blonde insouciance,
    Aux yeux bleus, couleur du temps.

    Pour lasser la patience
    Des désirs les plus constants,
    Son cœur a fait alliance
    Avec ses cheveux flottants.

    Sourde à l’hymne des tendresses,
    Elle rit de ces détresses
    Que rien ne peut consoler…

    Et je crois...

  • Gellô fut autrefois une vierge aux cheveux
    Plus doux que le reflet de la lune sur l’onde,
    Et mourut sans frémir de l’angoisse profonde,
    Sans avoir connu le mensonge des aveux.
    Elle hait le désir qui profane l’Épouse,
    Elle erre dans la nuit...

  •  

    I

    Jean était un franc débonnaire,
    Jovial d’allure et de ton,
    Égayant toujours d’un fredon
    Son dur travail de mercenaire.

    Soucis réels, imaginaires,
    Aucuns n’avaient mis leur bridon
    À son cœur pur dont l’abandon
    Était le besoin ordinaire.

    Je le retrouve : lèvre amère !
    ...