• Tout à coup et comme par jeu
    Mademoiselle qui voulûtes
    Ouïr se révéler un peu
    Le bois de mes diverses flûtes

    Il me semble que cet essai
    Tenté devant un paysage
    A du bon quand je le cessai
    Pour vous regarder au visage

    Oui ce vain souffle que j’exclus
    Jusqu’à la dernière limite
    Selon mes quelques doigts perclus
    Manque de moyens...

  • ISEULT

    O timide héros oublieux de mon rang,
    Vous n’avez pas daigné saluer votre dame !
    Vos yeux bleus sont restés attachés sur la rame.
    Osez voir sur mon front la fureur d’un beau sang.

    TRISTAN

    J’observe le pilote assoupi sur...

  •  
    Le soleil maintenant allonge son parcours ;
    L’aube plus tôt sourit aux bois impénétrables ;
    Mais l’air est toujours vif, l’autan rugit toujours
    Parmi les rameaux nus et glacés des érables.

    L’avalanche sans fin croule du ciel blafard ;
    Nos toits tremblent au choc incessant des tempêtes.
    Cependant à travers bise, neige, brouillard,
    Nous formons...

  •  
    Hélas ! dis-tu, la froide neige
    Recouvre le sol et les eaux ;
    Si le bon Dieu ne les protège,
    Le printemps n’aura plus d’oiseaux !

    Rassure-toi, tendre peureuse ;
    Les doux chanteurs n’ont point péri.
    Sous plus d’une racine creuse
    Ils ont un chaud et sûr abri.

    Là, se serrant l’un contre l’autre
    Et blottis dans l’asile obscur,
    ...

  •  
    I

    C'était un pâle soir d'automne ;
    Sur la vague qu'elle talonne,
    Comme un coursier,
    Une barque, svelte et légère,
    Glissait, suivant l'étoile chère
    Au nautonnier.

    A la nef, d'une voix plaintive,
    Deux femmes, pleurant sur la rive,
    Dirent adieu ;
    Quittant la plage solitaire,
    Elles vinrent à leur chaumière
    En priant...

  •  

    Il marche à l’heure vague où le jour tombe. Il marche,
    Portant ses hauts bâtons. Et, double ogive, l’arche
    Du pont encadre l’eau, couleur plume de coq.
    Il a chaud et n’a pas le sou pour prendre un bock.
    Mais partout où ses pas résonnent, la lumière
    Brille. C’est l’allumeur humble de réverbère
    Qui, rentrant pour la soupe, avec sa femme assis,
    L...


  • ...

  • XI

    Pauvre femme ! son lait à sa tête est monté.
    Et, dans ses froids salons, le monde a répété,
    Parmi les vains propos que chaque jour emporte,
    Hier, qu’elle était folle, aujourd’hui, qu’elle est morte ;
    Et, seul au champ des morts, je...

  •  
    LA vie est implacable et lâche
    Et n’est clémente qu’aux méchants ;
    Car elle meurtrit sans relâche
    Les cœurs vers le devoir penchants.

    C’est la marâtre qui torture ;
    C’est la courtisane qui ment,
    Et tout, dans la grande nature,
    N’est qu’ironie et que tourment.

    Gloire à ceux qui, bravant le doute,
    Et, d’eux-mêmes bornant leurs pas,...

  • Les genêts luisent dans la lande désolée ;
    Sur l’ocre des coteaux la bruyère est de sang :
    Mais tu ne peux guérir mon cœur triste où descend
    Le souvenir de ma pauvre enfance en allée.

    Viens : elle est d’émeraude et d’argent la vallée ;
    Douce comme ta voix, l’eau chuchote en passant,
    Et clair comme ton rire est l’angélus croissant ;
    Fraîche comme ta...