D’après ce que j’ai vu, d’après ce que je sais,
D’après ce que je crois, nuls n’ont plus de succès,
Ou n’en eurent, ou n’en auront, si c’est ma veine.
Auprès de toi, sinon ceux simples et sans gêne :
Tel un moi qui serait plus jeune, au moins de corps,
Quoique je ne me mette pas au rang des morts
Encore ou bien déjà, n’en déplaise aux quarante
Et trop...
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À Paule Riversdale,
En souvenir d’une épigraphe de « l’Etre Double ».Sweet for a little even to fear, and sweet,
O love, to lay sown fear at love’s fair feet,
Shall not some fiery memory of his breath
Lie sweet on lips that touch the lips of death ?
Yet leave me not ; yet, if thou wilt, be free... -
À la Piazetta, sous l’ombre des portiques,
Vanutelli nous montre, en leur costume ancien,
Dames et jeunes gens à l’air patricien
Causant entre eux d’amour ou d’affaires publiques.Hors du cadre, évoqués par des charmes magiques,
On croit voir des portraits de Giorgione ou Titien
Qui, sous le velours noir du loup vénitien,
Ébauchent, comme au bal, des... -
COMME deux lys jumeaux dont le double calice
S’élargit, pour laisser saillir, plus vive encor,
La flèche au triple feu des étamines d’or,
S’arrondissent tes seins où grandit mon supplice.A leur ombre ton cœur mûrit la trahison,
Comme un serpent blotti sous la hauteur des herbes,
Et, de sucs meurtriers gonflant leurs fleurs superbes,
Y... -
Madame, on dit que les bons comptes
Font les bons amis, soit, comptons…
Comme dans les comptes des contes,
Par bœufs, par veaux et par moutons ;Pris un jour une cigarette
De vous, dois : quatre-vingt-dix bœufs ;
À ton bouquet, une fleurette,
Peut-être une, peut-être deux,Dois quatre-vingts bœufs ; pour l’essence !
Que ta lampe brillait... -
D'autant que l'arrogance est pire que l'humblesse,
Que les pompes et fards sont tousjours desplaisans,
Que les riches habits d'artifice pesans
Ne sont jamais si beaux que la pure simplesse:D'autant que l'innocente et peu caute jeunesse
D'une vierge vaut mieux en la fleur de ses ans,
Qu'une Dame espousée abondante en enfans:
D'autant j'aime ma vierge... -
David n’avait que sa fronde
Pour lutter contre le géant ;
Mais au fond de son cœur d’enfant
Habitait une foi profonde :
Il savait bien que l’Éternel
Combattrait avec lui pour sauver Israël.Il avançait ferme et tranquille
Contre le Philistin puissant,
Qui, l’œil hautain et méprisant,
Riait de son air juvénile
Et se moquait de... -
De leurs cercles bruyants où tout est faux et vide
Quand j’ai, silencieux, longtemps subi le poids,
Esprit malade, esprit de solitude avide,
Comme un oiseau blessé, je m’enfuis vers les bois.Là, tout est doux et grand, rien n’irrite et ne pèse ;
Je m’abreuve de calme et de recueillement.
Les bois me sont amis ! leur charme qui m’apaise
Endort... -
De mon sang exhalé toute l'humeur périe
Me laisse desséché, et l'esprit de mon cœur
Éteint par trop d'ennui, me pousse en ma douleur
Aux extrêmes effets de la mélancolie.Ha ! presque hors de moi forcenant de furie,
Tué, brisé, rompu, accablé de malheur,
J'ai souci, j'ai dépit, j'ai crainte, j'ai horreur,
De vos yeux, de mon mal, de la mort,... -
Du plus profond de la tranchée
Nous élevons les mains vers vous
Seigneur : Ayez pitié de nous
Et de notre âme desséchée !Car plus encor que notre chair
Notre âme est lasse et sans courage.
Sur nous s’est abattu l'orage
Des eaux, de la flamme et du fer,Vous nous voyez couverts de boue...