• La fortune envieuse,
    Voyant mon jour passer,
    De la nuit est joyeuse
    Pour me faire penser
    Vrai ce que le Ciel dit
    Pour se mettre en crédit.

    Mais savoir n'ai envie
    Des Planètes le cours
    Pour connaître ma vie,
    Ayant autre discours :
    Car tant que je verrai
    Mon jour, je ne mourrai.

    Ne trouve point étrange,
    Si,...

  • J'ai longtemps voyagé, courant toujours fortune
    Sur une mer de pleurs, à l'abandon des flots
    De mille ardents soupirs et de mille sanglots,
    Demeurant quinze mois sans voir soleil ni lune.

    Je réclamais en vain la faveur de Neptune
    Et des astres jumeaux, sourds à tous mes propos,
    Car les vents dépités, combattant sans repos,
    Avaient juré ma mort...

  • Sur le bord d'un puits très profond
    Dormait étendu de son long
    Un Enfant alors dans ses classes.
    Tout est aux Ecoliers couchette et matelas.
    Un honnête homme en pareil cas
    Aurait fait un saut de vingt brasses.
    Près de là tout heureusement
    La Fortune passa, l'éveilla doucement,
    Lui disant : Mon mignon, je vous sauve la vie.
    Soyez une autre fois plus...

  • Qui ne court après la Fortune ?
    Je voudrais être en lieu d'où je pusse aisément
    Contempler la foule importune
    De ceux qui cherchent vainement
    Cette fille du sort de Royaume en Royaume,
    Fidèles courtisans d'un volage fantôme.
    Quand ils sont près du bon moment,
    L'inconstante aussitôt à leurs désirs échappe :
    Pauvres gens, je les plains, car on a pour les...

  • Fortune fus par clercs jadis nommée,
    Que toi, François, crie et nomme murtrière,
    Qui n'es homme d'aucune renommée.
    Meilleur que toi fais user en plâtrière,
    Par pauvreté, et fouir en carrière ;
    S'à honte vis, te dois-tu doncques plaindre ?
    Tu n'es pas seul ; si ne te dois complaindre.
    Regarde et vois de mes faits de jadis,
    Maints vaillants homs par moi...

  • Lassé d'amours et des faits de Fortune,
    Tanné d'espoir et d'aimer trop fort une,
    Encloz d'ennui, maintenant je demeure,
    Car Desplaisir prend en moy sa demeure,
    De par Malheur qui tres fort me fortune.

    Dont je me treuve sans que joye nés une
    Soit en mon cueur secrete ne commune :
    Pour quoy je dis que je suis à ceste heure
    Lassé d'amours et des...

  • (Lettre IX)

    [...] Dans une île branlante, et de sable mouvant,
    Qui suit le cours des flots, et roule au gré du vent,
    Il se voit un Palais, sans règle et sans mesure,
    Mais d'une extravagante et bizarre structure,
    Dont l'ouvrage subit, sans le secours de l'art,
    S'éleva de morceaux assemblés au hasard.

    On n'y consulta point le niveau ni l'...

  • Il ne faudrait pourtant, me disais-je à moi-même,
    Qu'une permission de notre seigneur Dieu,
    Pour qu'il vînt à passer quelque femme en ce lieu.
    Les bosquets sont déserts ; la chaleur est extrême ;
    Les vents sont à l'amour l'horizon est en feu ;
    Toute femme, ce soir, doit désirer qu'on l'aime.

    S'il venait à passer, sous ces grands marronniers,
    Quelque...

  • Bien que Fortune en haut degré te range
    Dessus sa roue, et combien que Nature
    Pour t'embellir sur toute créature,
    Te fasse luire en cette beauté d'Ange,

    Si ne dois-tu dépriser la louange
    Que tu reçois de moi, car l'écriture,
    Plus que beauté mortelle, beaucoup dure :
    L'écrit demeure, et fortune se change.

    Crois que vieillesse enfin arrivera...

  • Fortune enfin piteuse à mon tourment,
    Me fit revoir le soleil de mes yeux,
    Alors qu'Amour me traitant encor mieux,
    Me fit jouir de mon contentement.

    Ô jour heureux, éclairci clairement,
    De mon soleil ! ô soleil gracieux,
    Saint, et luisant plus que celui des cieux !
    Digne de lui en tout le firmament !

    Le grand plaisir, que j'eus de toi...