Bien que Fortune en haut degré te range
Dessus sa roue, et combien que Nature
Pour t'embellir sur toute créature,
Te fasse luire en cette beauté d'Ange,
Si ne dois-tu dépriser la louange
Que tu reçois de moi, car l'écriture,
Plus que beauté mortelle, beaucoup dure :
L'écrit demeure, et fortune se change.
Crois que vieillesse enfin arrivera,
Laquelle, ou bien la mort, te privera
De ces doux traits dont mon coeur tu allumes,
Mais soient les coeurs amants réduits en cendre,
Si se feront encor par tout entendre
Les beaux écrits des amoureuses plumes.