Au mois d’avril, la Terre est rose
Comme la jeunesse et l’amour ;
Pucelle encore, à peine elle ose
Payer le Printemps de retour.

Au mois de juin, déjà plus pâle
Et le cœur de désir troublé,
Avec l’Eté tout brun de hâle
Elle se cache dans le blé.

...

 
Dans l’Atlas, — je ne sais si cette histoire est vraie, —
Il existe, dit-on, de vastes blocs de craie,
Mornes escarpements par le soleil brûlés ;
Sur leurs flancs, les ravins font des plis de suaire ;
À leur base s’étend un immense ossuaire
De carcasses à...

 

Tout beau, fauve grondeur, demeure dans ton antre,
Il n’est pas temps encor ; couche-toi sur le ventre ;
De ta queue aux crins roux flagelle-toi les flancs,
Comme un sphinx accroupi dans les sables brûlants,
Sur l’oreiller velu de tes pattes croisées
Pose...

Le soleil dit à la lune :
« Que fais-tu sur l’horizon ?
Il est bien tard, à la brune,
Pour sortir de sa maison.

« L’honnête femme, à cette heure,
Défile son chapelet,
Couche son enfant qui pleure,
Et met la barre au volet.

« Le follet court sur...

Au Luxembourg souvent, lorsque dans les allées
Gazouillaient des moineaux les joyeuses volées,
Qu’aux baisers d’un vent doux, sous les abîmes bleus
D’un ciel tiède et riant, les orangers frileux
Hasardaient leurs rameaux parfumés, et qu’en gerbes
Les fleurs...

 

J’entrai dernièrement dans une vieille église ;
La nef était déserte, et sur la dalle grise,
Les feux du soir, passant par les vitraux dorés,
Voltigeaient et dansaient, ardemment colorés.
Comme je m’en allais, visitant les chapelles,
Avec tous leurs festons...

Sur les tuiles où se hasarde
Le chat guettant l’oiseau qui boit,
De mon balcon une mansarde
Entre deux tuyaux s’aperçoit.

Pour la parer d’un faux bien-être,
Si je mentais comme un auteur,
Je pourrais faire à sa fenêtre
Un cadre de pois de senteur,...

               C’est un marais dont l’eau dormante
               Croupit, couverte d’une mante
               Par les nénuphars et les joncs :
               Chaque bruit sous leurs nappes glauques
               Fait au chœur des grenouilles rauques...

…meae puellae
Flendo turgiduli rubent ocelli.
V. CATULLUS.

Ne pleure pas…
DOVALLE.

De tes longs cils de jais que ta main blanche essuie,
Comme des gouttes d’eau d’un arbre après la pluie,
Ou comme la rosée...

Sur l’eau bleue et profonde
Nous allons voyageant,
Environnant le monde
D’un sillage d’argent,
Des îles de la Sonde,
De l’Inde au ciel brûlé,
Jusqu’au pôle gelé...

Les petites étoiles
Montrent de leur doigt d’or
De quel côté les voiles...