Maria

…meae puellae
Flendo turgiduli rubent ocelli.
V. CATULLUS.

Ne pleure pas…
DOVALLE.

De tes longs cils de jais que ta main blanche essuie,
Comme des gouttes d’eau d’un arbre après la pluie,
Ou comme la rosée, au point du jour, des fleurs
Qu’un pied inattentif froisse, j’ai vu des pleurs
Tomber et ruisseler en perles sur ta joue:
En vain de la gaîté l’éclair à présent joue
Dans tes yeux bruns, en vain ta bouche me sourit,
D’inquiètes terreurs agitent mon esprit.
Qu’avais-tu, Maria, toi, rieuse et folâtre,
Toi, de plaisirs bruyants et de danse idolâtre,
Le soir, quand le soleil incline à l’horizon,
La première à fouler l’émail vert du gazon,
La première à poursuivre en sa rapide course
La demoiselle bleue aux bords frais de la source,
À chanter des chansons, à reprendre un refrain ?
Toi qui n’as jamais su ce qu’était un chagrin,
À l’écart tu pleurais. Réponds-moi ! quel orage
Avait terni l’éclat de ton ciel sans nuage ?

Ton passereau chéri bat de l’aile, joyeux,
Les barreaux de sa cage, et sur son lit soyeux
Ton jeune épagneul dort, tout va bien, et tes rosés
Répandent leurs parfums, heureusement écloses.
Qu’avais-tu donc, enfant ? quel malheur imprévu
Te faisait triste ? — Hier je ne t’avais pas vu.

Collection: 
1831

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