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    Souvent en respirant ces nocturnes haleines,
    Qui des monts éloignés descendent sur les plaines
    Ou des bords disparus sur les vagues des mers,
    On croit dans ces odeurs, que l’esprit décompose,
    Respirer le parfum des lis ou de la rose,
    Apporté de loin par les airs.

    L’imagination, cet œil de la pensée ,
    Se figure la tige aux rochers balancée,...

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    Amitié, doux repos de l’âme,
    Crépuscule charmant des cœurs.
    Pourquoi, dans les yeux d’une femme,
    As-tu de plus tendres langueurs ?

    Ta nature est pourtant la même ;
    Dans le cœur dont elle a fait don
    Ce n’est plus la femme qu’on aime,
    Et l’amour a perdu son nom.

    Mais comme en une pure glace
    Le rayon se colore mieux,
    Le...

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    Quand le printemps a mûri l’herbe
    Qui porte la vie et le pain,
    Le moissonneur liant la gerbe
    L’emporte à l’aire du bon grain ;
    Il ne regarde pas si l’herbe qu’il enlève
    Verdit encore au pied de jeunesse et de sève,
    Ou si, sous les épis courbés en pavillon,
    Quelques frêles oiseaux, à qui l’ombre était douce,
    Du soleil ou du vent s’...

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    Je suis seul dans la prairie
    Assis au bord du ruisseau ;
    Déjà la feuille flétrie,
    Qu’un flot paresseux charrie,
    Jaunit l'écume de l’eau.

    La respiration douce
    Des bois au milieu du jour
    Donne une lente secousse
    A la vague, au brin de mousse,
    Au feuillage d’alentour.

    Seul et la cime bercée,
    Un jeune et haut peuplier...

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    Ici donnent, jetés par le flot de la guerre,
    D’intrépides soldats, nés sous un ciel plus beau :
    Vivants, ils ont porté les fers de l’Angleterre ;
    Morts, ce noble pays leur offrit dans sa terre
    L’hospitalité du tombeau.

    Là, toute inimitié s’efface sous la pierre ;
    Le dernier souffle éteint la haine dans les cœurs !
    Tout rentre dans la paix de...

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    Musa pedestris.

    Dans les plis d’un coteau j’étais assis à terre,
    Le soleil inondant l’horizon solitaire,
    Une brise des bois jouant dans mes cheveux,
    Paix, lumière et chaleur, servi dans tous mes vœux ;
    Mon jeune chien, quêtant parmi les sillons fauves.
    Effeuillait à mes pieds les bleuets et les mauves,
    Faisant lever...

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    MICOL, JONATHAS.

    MICOL, dans l’obscurité, sans voir Jonathan.

    Lastre des nuits à peine a fini sa carrière,
    Et déjà le sommeil a fui de ma paupière !
    O nuit ! ô doux sommeil ! tout ressent vos bienfaits !
    Hélas ! et mes yeux seuls ne les goûtent jamais !

    (Elle tombe à genoux près de l’arche.)

    Toi que j’invoque en...

  • Oh ! quand cette humble cloche à la lente volée
    Épand comme un soupir sa voix sur la vallée,
    Voix qu’arrête si près le bois ou le ravin ;
    Quand la main d’un enfant qui balance cette urne
    En verse à sons pieux dans la brise nocturne
                Ce que la terre a de divin ;

    Quand du clocher vibrant l’hirondelle habitante
    S’envole au vent d’airain qui...

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    O femme ! éclair vivant dont l’éclat me renverse !
    O vase de splendeur qu’un jour de Dieu transperce !
    Pourquoi nos yeux ravis fondent-ils sous les tiens ?
    Pourquoi mon âme en vain sous sa main comprimé
    S’élance-t-elle à toi comme une aigle enflammée
    Dont le feu du bûcher a brisé les liens ?

    Déjà l’hiver blanchit les sommets de ma vie
    Sur la...

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    Comme un vaisseau qui marche sans boussole,
    L’humanité flotte au sein de la nuit,
    Cherchant des yeux le phare qui console
    A l’horizon où nul flambeau ne luit ;
    Et l’équipage épouvanté répète
    Au mousse assis à la pointe des mâts :
    « Toi dont l’œil perce à travers la tempête,
    Enfant des mers, ne vois-tu rien là-bas ? »

    Interrompant la...