Morin, tu m’as empli ma chambre
D’une odeur douce comme l’ambre ;
Et je puis dire, en vérité,
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ILe Salaze a vu les orages
Cent fois, d’un vol impétueux
S’abattre du sein des nuages
Sur son sommet majestueux.
Vaine fureur ! rage inutile!
Le Piton géant de mon île
Opposait sa face immobile
Aux coups des autans furieux ;
Vainqueur des vents et du tonnerre,
Il voyait passer leur colère,
Ses pieds forts toujours dans... -
Souvent triste et rêveur, sur un roc solitaire
Je m’assieds en portant mes regards sur la terre,
Et des pleurs tombent de mes yeux.C’est qu’alors la douleur et présente et passée,
De son voile de deuil ombrageant ma pensée,
Courbe mon front silencieux.Puis mon regard s'élève à la voûte céleste :
J'y retrouve l'ami, le seul ami qui reste... -
Un bon curé de la Corrèze
Vivait, content de son destin,
Quand l’évêque du diocèse
Vint le surprendre un beau matin.Le prélat fit bonne figure
Et lui dit : « Mon fils, aujourd’hui,
« Je déjeune et dîne à la cure,
« Et j’espère y passer la nuit ».Sur le champ, Monseigneur l’évêque
De visiter — c’était son droit —
Le salon,... -
Sur la montagne de la vie,
Au plateau de trente-cinq ans,
Soufflent mes coursiers, haletants,
De la Chimère poursuivie.
Je reste là quelques instants,
Brisé, mais l’âme inassouvie,
Promenant mon regard glacé
Sur l’avenir et le passé. -
Ma femme, apportez-moi vite mon encrier
Et mes plumes, je veux coucher sur le papier
Le rêve éblouissant de grandeur et d’aisance
Que je viens tout d’un coup de faire pour la France
Ainsi que pour le monde !... assis au champ de Mars
Ce matin, je voyais sous nos fiers étendards
Manœuvrer bravement les fils de la patrie.
Cavaliers, fantassins,... -
Gentil-homme de maison noble,
Qu’en noble ville de Grenoble
Je vis, item et que j’ouïs
Chanter devant le Roy Louïs,
Qui vous trouva chanson chantée
Digne d’estre son Timotée :
Car fors cil qui tant fredonna,
Que sa femme on luy redonna,
Aucun dans ce bas territoire,
Encor n’a merité la gloire... -
Ode
Ôte-toi, laisse-moi rêver.
Je sens un feu se soulever
Dont mon âme est toute embrasée.
Ô beaux prés, beaux rivages verts,
Ô grands flambeaux de l'univers,
Que je trouve ma veine aisée !
Belle Aurore, douce rosée,
Que vous m'allez donner de vers !
Le vent s'enfuit dans les ormeaux,
Et pressant les feuillus rameaux
... -
Maintenant que du Capricorne
Le temps mélancolique et morne
Tient au feu le monde assiégé,
Noyons notre ennui dans le verre,
Sans nous tourmenter de la guerre
Du tiers état et du clergé.
Je sais, Ménard, que les merveilles
Qui naissent de tes longues veilles
Vivront autant que l'univers ;
Mais que te sert-il que ta gloire
Se lise... -
de l'Histoire des Indes
Si la merveille unie à verité
Est des espritz delectable posture,
Bien debvra plaire au monde la lecture
De ceste histoire et sa varieté.
Autre ocean, d'aultres bords limité
Et aultre ciel s'y veoit, d'aultre nature ;
Aultre bestail, aultres fruictz et verdure,
Et d'aultre gent le terrain habité.
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