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    Quand je reviens joyeux dans ma belle Bretagne
    Au sortir de Paris, de ce triste Paris,
    Où l’on ne voit ni mer, ni forêts, ni montagne,
    Où l’on traîne des jours ennuyés et flétris ;
    Quand j’ai passé le seuil, quand j’ai franchi l’entrée
    De la noire maison gothique et retirée,
    Et qu’un instant après je tombe dans les bras
    De mes deux bien-aimés...

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    C’est vrai, j’ai filé comme Hercule
    Aux pieds d’Omphale, la jolie ;
    Je fus servant de sa folie ;
    On m’a trouvé bien ridicule.

    Mon cœur au hasard s’envola,
    Sanglant, sur l’abîme fleuri.
    J’ai reposé mon front meurtri
    Sur les seins durs de Dalila.

    Mais la Bretagne, rude et franche,
    M’accueille au bord de sa feuillée.
    Mon...


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    On respire du sel dans l’air,
    Et la plantureuse campagne
    Trempe sa robe dans la mer,
    A Douarnenez en Bretagne.

    A Douarnenez en Bretagne,
    Les enfants rôdent par troupeaux ;
    Ils ont les pieds fins, les yeux beaux,
    Et sainte Anne les accompagne.

    Les vareuses sont en haillons,
    Mais le flux roule sa montagne
    En y berçant des...

  • Sur les coteaux pâlis flotte une ombre indécise :
    Au portail de la ferme une femme est assise,
    Qui, d'un refrain breton vaguement fredonné,
    Dans ses bras arrondis berce son premier-né ;
    Sous le corsage étroit où s'amincit son buste
    Pointent deux jeunes seins, gonflés d'un lait robuste ;
    Son regard, à travers le ciel mourant, poursuit
    Un songe ailé de mère...

  • A Madame E.B.

    Un soir que vous rêviez assise au bord des grèves
    Vint s'étendre à vos pieds un harpeur de Quimper.
    Les rêves qu'il chantait ressemblaient à vos rêves
    Comme le bruit des pins aux rumeurs de la mer.

    Il disait la beauté de la terre océane,
    Son sortilège lent, délicat et secret,
    Et c'était votre charme, ô soeur de Viviane,
    Qu'en...

  • Pour que le sang joyeux dompte l'esprit morose,
    Il faut, tout parfumé du sel des goëmons,
    Que le souffle atlantique emplisse tes poumons ;
    Arvor t'offre ses caps que la mer blanche arrose.

    L'ajonc fleurit et la bruyère est déjà rose.
    La terre des vieux clans, des nains et des démons,
    Ami, te garde encor, sur le granit des monts,
    L'homme immobile...