De tes lectures assidues,
Ami, crois-moi, pour quelques jours
Tâche d’interrompre le cours ;
Car, pour peu que tu continues,
Je crains, à te parler sans fard,
Que la mort sévère et chagrine,
Jugeant peut-être à tout hasard
De ton âge par ta doctrine,
Ne te prenne pour un vieillard.
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J’ai traité de Topinambous
Tous ces beaux censeurs, je l’avoue,
Qui, de l’antiquité si follement jaloux,
Aiment tout ce qu’on haït, blâment tout ce qu’on loue ;
Et l’Académie, entre nous,
Souffrant chez soi de si grands fous,
Me semble un peu Topinamboue. -
Ne blâmez pas Perrault de condamner Homère,
Virgile, Aristote, Platon :
II a pour lui monsieur son frère,
G....N.... Lavau, Caligula, Néron,
Et le gros Charpentier, dit-on. -
Ô Catinat ! quelle voix enrhumée
De te chanter ose usurper l’emploi !
Mieux te vaudrait perdre ta renommée,
Que los cueillir de si chétif aloi.
Honni seras, ainsi que je prévoi,
Par cet écrit. Et n’y sais, à vrai dire,
Remède aucun, sinon que contre toi
Le même auteur écrive une satire.
Je conviens, Catinat, qu’en louant ta... -
Tout le trouble poétique
A Paris s’en va cesser ;
Perrault l’antipindarique,
Et Despréaux l’homérique,
Consentent de s’embrasser.
Quelque aigreur qui les anime,
Quand, malgré l’emportement,
Comme eux l’un l’autre on s’estime,
L’accord se fait aisément.
Mon embarras est comment
On pourra finir la guerre
De Pradon et du parterre... -
De haut savoir Phébus ne m’a doté,
Mais des neuf Sœurs je sais toucher la lyre ;
Grosse chevance oncques ne m’a tenté,
Mais peu de biens ont de quoi me suffire.
Amour me tint longtemps sous son empire :
J’ai retrouvé repos et liberté ;
Mais ce bien là, certes, je le puis dire,
Si c’en est un, je l’ai bien acheté ! -
Il n'est pas dit que toujours faille écrire
Propos d'amour et matière joyeuse ;
Communément l'homme changer désire
Et longue joie est souvent ennuyeuse.
Qui veut savoir combien paix est heureuse,
Hanter lui faut guerre, noise, et, contents,
L'on juge aussi jeunesse vigoureuse
Quand on est vieux : toute chose a son temps. -
Pour un dizain que gagnâtes mardi,
Cela n'est rien, je ne m'en fais que rire,
Et fut très aise alors que le perdis,
Car aussi bien je voulais vous écrire
Et ne savais bonnement que vous dire,
Qui est assez pour se tenir tout coi.
Or, payez-vous, je vous baille de quoi,
D'aussi bon coeur que si je le donnaie ;
Que plût à Dieu que ceux à qui je... -
Certain cafard, jadis jésuite,
Plat écrivain, depuis deux jours
Ose gloser sur ma conduite,
Sur mes vers, et sur mes amours :
En bon chrétien je lui fais grâce,
Chaque pédant peut critiquer mes vers ;
Mais sur l'amour jamais un fils d'Ignace
Ne glosera que de travers. -
Si ce qui est enclos dedans mon coeur
Je pense au vrai par écrit vous dépeindre,
Je suis certain que votre grand rigueur
Serait semonce à lamenter et plaindre.
Car si pitié peut noblesse contraindre,
Et tout bon coeur voyant un grief martyre,
J'endure, las ! tant et tant que le dire
N'est rien au mal que j'ai sous joie feinte ;
Et si n'ai rien...