François Marie Arouet, dit Voltaire

  • " Si vous voulez que j'aime encore,
    Rendez-moi l'âge des amours ;
    Au crépuscule de mes jours
    Rejoignez, s'il se peut, l'aurore.

    Des beaux lieux où le dieu du vin
    Avec l'Amour tient son empire,
    Le Temps, qui me prend par la main,
    M'avertit que je me...

  • Vous possédez fort inutilement
    Esprit, beauté, grâce, vertu, franchise ;
    Qu'y manque-t-il ? quelqu'un qui vous le dise
    Et quelque ami dont on en dise autant.

  • Certain cafard, jadis jésuite,
    Plat écrivain, depuis deux jours
    Ose gloser sur ma conduite,
    Sur mes vers, et sur mes amours :
    En bon chrétien je lui fais grâce,
    Chaque pédant peut critiquer mes vers ;
    Mais sur l'amour jamais un fils d'Ignace
    Ne glosera que de...

  • Lorsque ce grand courrier de la philosophie,
    Condamine l'observateur,
    De l'Afrique au Pérou conduit par Uranie,
    Par la gloire, et par la manie,
    S'en va griller sous l'équateur,
    Maupertuis et Clairaut, dans leur docte fureur,
    Vont geler au pôle du monde.
    Je les...

  • Croyez qu'un vieillard cacochyme,
    Chargé de soixante et douze ans,
    Doit mettre, s'il a quelque sens,
    Son âme et son corps au régime.
    Dieu fit la douce Illusion
    Pour les heureux fous du bel âge ;
    Pour les vieux fous l'ambition,
    Et la retraite pour le sage...

  • D'où vient que ce nom de Fréron
    Est l'emblème du ridicule ?
    Si quelque maître Aliboron,
    Sans esprit comme sans scrupule,
    Brave les moeurs et la raison ;
    Si de Zoïle et de Chausson
    Il se montre le digne émule,
    Les enfants disent : " C'est Fréron. "

    ...

  • Il n'est mortel qui ne forme des voeux :
    L'un de Voisin convoite la puissance ;
    L'autre voudrait engloutir la finance
    Qu'accumula le beau-père d'Évreux.

    Vers les quinze ans, un mignon de couchette
    Demande à Dieu ce visage imposteur,
    Minois friand, cuisse...

  • Hé quoi ! vous êtes étonnée
    Qu'au bout de quatre-vingts hivers,
    Ma Muse faible et surannée
    Puisse encor fredonner des vers ?

    Quelquefois un peu de verdure
    Rit sous les glaçons de nos champs ;
    Elle console la nature,
    Mais elle sèche en peu de temps.
    ...

  • Philis, qu'est devenu ce temps
    Où, dans un fiacre promenée,
    Sans laquais, sans ajustements,
    De tes grâces seules ornée,
    Contente d'un mauvais soupé
    Que tu changeais en ambroisie,
    Tu te livrais, dans ta folie,
    A l'amant heureux et trompé
    Qui t'avait...