Épigramme XXVIII

Ô Catinat ! quelle voix enrhumée
De te chanter ose usurper l’emploi !
Mieux te vaudrait perdre ta renommée,
Que los cueillir de si chétif aloi.
Honni seras, ainsi que je prévoi,
Par cet écrit. Et n’y sais, à vrai dire,
Remède aucun, sinon que contre toi
Le même auteur écrive une satire.

 
Je conviens, Catinat, qu’en louant ta victoire,
J’ai pu faire des vers peu dignes de ta gloire ;
    Mais si Rousseau te déchirait
( Car quelle est la vertu qui n’ait senti le trait
    De la rage qui le dévore ? )
    La chose autrement tournerait ;
    Ma louange te déshonore :
    Sa satire t’honorerait.

Collection: 
1690

More from Poet

FAIBLESSE DES HOMMES,
GRANDEUR DE DIEU

Mon âme, louez le Seigneur ;
Rendez un légitime honneur
À l'objet éternel de vos justes louanges.
Oui, mon Dieu, je veux désormais
Partager la gloire des anges,
Et consacrer ma vie à chanter vos bienfaits.

...

Que l'homme est bien, durant sa vie,
Un parfait miroir de douleurs,
Dès qu'il respire, il pleure, il crie
Et semble prévoir ses malheurs.

Dans l'enfance toujours des pleurs,
Un pédant porteur de tristesse,
Des livres de toutes couleurs,
Des châtiments...

J'ai vu mes tristes journées
Décliner vers leur penchant ;
Au midi de mes années
Je touchais à mon couchant :
La Mort, déployant ses ailes,
Couvrait d'ombres éternelles
La clarté dont je jouis ;
Et, dans cette nuit funeste,
Je cherchais en vain le...

      Filles du Dieu de l’univers,
Muses, que je me plais dans vos douces retraites !
Que ces rivages frais, que ces bois toujours verts
Sont propres à charmer les âmes inquiètes !
      Quel cœur n’oublîrait ses tourments
Au murmure flatteur de cette onde...

Près de l’humide empire où Vénus prit naissance,
Dans un bois consacré par le malheur d’Atys,
Le Sommeil et l’Amour, tous deux d’intelligence,
A l’amoureux Pélée avaient livré Thétis.
Qu’eut fait Minerve même, en cet état réduite ?
Mais, dans l’art de Protée en sa...