Lazare de Baïf

  • Amour, voyant l'ennui qui tant m'oppresse
    Et la douleur secrète qui me tue,
    N'a pas longtemps, en lui vidé de presse,
    Me dit : " Ami, il faut que t'évertue.
    Ton mal est grand, mais ta foi est connue,
    Qui par souffrir plus vient en évidence ;
    Puis tu sais bien...

  • Ô quel ennui à ceux de départir
    Où ferme amour ne peut être offensée ;
    Laquelle vient toutefois nous partir
    Joie et douleur en secrète pensée.
    Il est bien vrai que n'est pas compensée
    La joie au mal qu'un chacun de nous porte.
    Mais sûre foi de tant nous...

  • Si ce qui est enclos dedans mon coeur
    Je pense au vrai par écrit vous dépeindre,
    Je suis certain que votre grand rigueur
    Serait semonce à lamenter et plaindre.
    Car si pitié peut noblesse contraindre,
    Et tout bon coeur voyant un grief martyre,
    J'endure, las !...

  • Faire ne puis sans deuil et déplaisir
    Ce qu'il convient et force est que je fasse.
    Devoir requiert ce qu'empêche désir ;
    Amour retient ce que raison pourchasse.
    Un bien me rit et l'autre me menace ;
    Dont entre deux convient que je soupire.
    Las ! je veux trop...