Passants, je me souviens du crépuscule vert
Où glissent lentement les ombres sous-marines,
Où les algues de jade au calice entr’ouvert
Étreignent de leurs bras fluides les ruines
Des vaisseaux autrefois pesants d’ivoire et d’or.
Je me...
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Au long du port moiré de soir,
Sèchent des cargaisons de fleurs fanées.
Quelques barques vermillonnées
Y sillonnent le flot couleur d’or noir.Chaque matin, vers l’autre rive
Où des miroirs de soleil bougent,
Dansent au vent, leurs agrès rouges
Et leur allure exaltative.On les dirait : fraîches maisons,
Portes et...
Dieu du ciel, ô mon Dieu, par quels sombres chemins
Passent journellement des myriades d’humains ?
Combien de malheureux sous ses monceaux de pierre
Toute large cité dérobe à la lumière,
Que d’êtres gémissants cheminent vers la mort,
Le visage hâlé par l’âpre vent du sort ?
Ah ! Le nombre est immense, horrible, incalculable,
À vous faire jeter...Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au...
La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.
Tous ! les obscurs et les célèbres,
L’impie et le moine à genoux,Nous cachons en vain nos dessous
À ses regards froids et funèbres !
La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.Tant que l’Esprit n’est pas dissous,
Et que le sang bat les vertèbres,...
La souveraine du Brabant
Prétendait avec hardiesse
Avoir le pied plus élégant
Que le pied de notre princesse.
Pour soutenir ses droits si beaux,
On rangea grâce au ministère
Cent mille hommes sous les drapeaux.Refrain
...
À la barrière de l’étoile,
Un saltimbanque malfaisant
Dressait dans sa baraque en toile
Un chien de six mois fort plaisant.Ce caniche, qui faisait rire
Le public au seuil rassemblé,
Était en conscrit de l’empire
Misérablement affublé.Coiffé d’un bonnet de police,
Il restait là, fusil au flanc,
Debout, les jambes au...
Je suis t'un pauvre conscrit
De l'An Mil huit cent di'
bis
Faut quitter le Languedô,
Le Languedô, le Languedô,
Oh !
Faut quitter le Languedô
Avec le sac sur le dos[1]L'maire, et aussi le préfet,
N'en sont deux jolis cadets ;
bis
Ils nous font...
Quand les conscrits partiront
Toutes les filles pleureront,
bis
Pleureront de leurs amants,
De leurs amants, de leurs amants,
Pleureront de leurs amants
Qui s'en vont au régiment.Filles, il ne faut pas pleurer,
Ce n'est pas ma faute à moé,
bis
Car c'est le sergent major,
Sergent major, sergent major,
Car c'est le...
1.
Allons, enfants des prolétaires,
On nous appelle au régiment ;
On veut nous faire militaires
Pour servir le gouvernement.
Nos pères furent très dociles
À des règlements incompris !
Nous, nous serons moins imbéciles,
...