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    Son bronze qui fut chair l’érige en l’eau verdie,
    Déesse d’autrefois triste d’être statue ;
    La mousse peu à peu couvre l’épaule nue,
    Et l’urne qui se tait pèse à la main roidie ;

    L’onde qui s’engourdit mire avec perfidie
    L’ombre que toute chose en elle est devenue,
    Et son miroir fluide où s’allonge une nue
    Imite inversement un ciel qu’il...

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    Ils ne sont plus, laissez en paix leur cendre :
    Par d’injustes clameurs ces braves outragés
    À se justifier n’ont pas voulu descendre ;
    Mais un seul jour les a vengés :
    Ils sont tous morts pour vous défendre.

    Malheur à vous si vos yeux inhumains
    N’ont point de pleurs pour la patrie !
    Sans force contre vos chagrins,
    Contre le mal commun...

  • Dans la plaine tourbillonne
    Une horde aux burnous blancs ;
    Eu tête de la colonne
    Allons reprendre nos rangs.
    Voyez, le soleil levant
    Nous jette un regard oblique.

    Refrain

    Ho !
    Du bataillon d'Afrique!
    V'lan!
    Gais zéphirs, en avant !

    Celui qui laisse la rive
    Où Dieu plaça son berceau,
    Le cœur tout malade...

  • Avertissant les plus lointains échos,
    Comme une immens' crécelle ;
    Marchant d'aplomb sous les glorieux lambeaux
    D'sa bannière immortelle :

    Vlà l'bataillon d'la Moselle
    En sabots.
    Vlà l'bataillon d' la Moselle !

    Pour arm's nos fusils d'la veille encor chauds,
    Là-d'ssus l'soleil ruisselle ;
    Nos sabr's, la préuv' que nous n'somm's pas...


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  • Bâte un âne qui porte une outre d’eau de roche
    à son flanc, car dans le pays des améthystes
    qu’il te faut longuement traverser l’eau n’existe
    pas, ni le pain que tu clôras en ta sacoche.

    Or c’est à Bassora, dans la boutique, à gauche
    de chez Aboul Hassan Ebn Taher le droguiste.
    Devant le souk un dromadaire laisse triste-
    ment pendre de sa lèvre une...

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    De mon dernier voyage écoutez un récit !
    A de frais souvenirs le présent s'adoucit :
    Je côtoyais l'Odet, lorsqu'une batelière
    Doucement m'appela du bord de la rivière.

    LA BATELIÈRE

    « Si vous voulez, jeune homme, aller à Loc-Tûdi,
    Voici que nous partons toutes quatre à midi.
    Entrez, nous ramerons, et vous tiendrez la barre ;
    Ou, si vous...

  • Toujours un pur rayon mystérieux éclaire
    En ses replis obscurs l'œuvre de Baudelaire,
    Et le surnaturel, en ses rêves jeté,
    Y mêle son extase et son étrangeté.
    L'homme moderne, usant sa bravoure stérile
    En d'absurdes combats, plus durs que ceux d'Achille,
    Et, fort de sa misère et de son désespoir,
    Héros pensif, caché dans son mince habit noir,
    S'...

  • Baudouin Bras de Fer

    La mer s’est retirée enfin, comme à regret.
    Un pays rude émerge avec ses terres basses
    Et s’enfle et vit — tandis qu’aux horizons se tasse
    La multitudinaire et compacte forêt.

    Avec ses murs couleur de...

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    Thébaïde profonde, austère solitude,
    Ermitage écarté que Dieu fit pour l’étude ;
    O désert du Lacombe, harmonieux séjour,
    Et de l’Ange de paix et de l’Ange d’amour ;
    Vaste enceinte ombragée, où, sans témoin profane,
    Je suis l’étroit sentier qui mène à ma cabane ;
    Où j’entends tout le jour chanter le gai moqueur,
    Et se plaindre la nuit les ...