• Ruisseau, que me dis-tu dans ton discret murmure ?...
    Brises, souffles de mai, qui caressez la fleur,
    Et dont les frais soupirs baignent ma chevelure,
    Quel langage inconnu parlez-vous à mon cœur ?

    Je savais autrefois te comprendre, O nature !
    Printemps, qui fait germer la sève et le bonheur,
    Comme un livre, pour moi, s'étalait ta verdure,
    Sous tes...

  • L'âme du poète

    La source est cachée au fond du bois noir...
    Mystère et beauté, le ciel s'y reflète ;
    Sois toujours de même un divin miroir,
    Eau vive et profonde, âme du poète !

    L'attrait de l'enfance

    Sur les traits de l'enfant, la vie a tous ses charmes :
    Sa lèvre épanouie est la fleur du baiser ;
    L’œil cherche encore en vain ce...

  • Sentier charmant et solitaire,
    Où chaque jour, d'un pas rêveur,
    Je viens chercher avec mystère
    Des mots pour la langue du cœur,

    Que j'aime ta verte parure,
    Ton silence, ô mon frais sentier !
    Et ta printanière ceinture
    Que brode la fleur d'églantier !

    A côté de toi, dans la mousse,
    Coule en paix un humble ruisseau
    Dont l'onde...

  • On raconte qu'Orphée à la céleste voix,
    Quand son âme vibrait, en proie au saint délire,
    Attendrissait soudain aux accords de la lyre,
    Les sauvages rochers, les plaines et les bois...

    On dit que les remparts de Thèbes, à la fois
    Montèrent aux accents d'Amphion qui soupire,
    Et que l'on entendit les échos redire
    Son immortel triomphe au monde d'...

  • I

    Aux marches de l’autel que parfume le cierge,
    Une voix a parlé dans l’âme de la vierge,
    Et la grâce d’en haut, ramier tendre et vainqueur
    Est venue adopter, pour nid, ce jeune cœur...
    À cet appel divin, tombant dans le silence
    Comme un flot de rosée en ce lys d’innocence,
    La Vierge au front candide a répondu : – « Seigneur !
    » Mon âme, à votre...

  • Enfant, dors dans ta corbeille;
    Plus beau que la fleur vermeille,
    Dors ! ta mère sur toi veille
    Comme un ange protecteur.
    Suspendus à ton sourire,
    A ta lèvre qui respire,
    Ses regards cherchent à lire
    Les doux rêves de ton cœur.

    Les palais de la lumière,
    Le cieux où tu fus naguère,
    Une riante chimère
    Les peint sans doute à tes...

  • Si de mai l'haleine envolée
    Sur la vallée,
    Mollement soupire et frémit,
    Caressant la pelouse verte
    De fleurs couverte
    Nous disons : la terre sourit...

    Si zéphyr, sur l'azur limpide
    Des mers qu'il ride,
    Baise l'ondine et la poursuit,
    Tandis que la vague amoureuse
    S'enfle et se creuse,
    Nous disons : l'océan sourit...

    Si...

  • Ici bas !

    L'horreur règne ici bas... Dieu, tout fort qu'il se nomme,
    A gémi de douleur, devenu fils de l'homme ;
    Car rien n'est descendu sur ce monde odieux,
    Qui ne fut teint du sang en retournant aux cieux !

    L'arrêt irrévocable

    Éternel condamné, tout homme doit périr...
    L'enfant, hier encor chérubin chez les anges,
    Par le ver du...

  • O maître souverain ! Dieu de la poésie,
    Dont la lyre régna sur le monde enchanté,
    Tu meurs ! — Mais de ta gloire éclatante et choisie,
    L'astre se lève au ciel de la postérité.

    Désormais, à l'abri des retours de l'envie,
    Ton nom prend un reflet d'éternelle clarté :
    Si tu fuis aujourd'hui les chaînes de la vie,
    C'est pour t'emparer mieux de l'...

  • Seize ans vous couronnent de roses :
    Toutes les grâces du printemps
    Sur vos traits charmants sont écloses
    Comme des bouquets éclatants.

    Vous avez la rose à la joue,
    Et chacune offre tour à tour
    Une fraîche touffe où se joue
    L’innocence près de l'amour.

    Sur votre front, — fleur idéale, —
    Luit la rose de la pudeur,
    Mêlant sa teinte...