• Ce soir, sur les sommets des lointaines collines
    Parmi les voiles d'or de l'horizon vermeil,
    A l'Occident baigné de flammes purpurines,
    Dans un lit de splendeurs, s'est couché le soleil...

    Les arbres des forêts, les roseaux et les plantes,
    Saluant l'astre-roi d'un adieu triomphal,
    Ont lentement courbé leurs têtes nonchalantes,
    Comme des courtisans...

  • Illusions !... blondes chimères,
    Délice et tourment de nos jours...
    Rêves aux splendeurs éphémères,
    Espoirs dorés, fraîches amours...
    Fleurs qui mourez à peine écloses,
    Hélas ! dans vos métamorphoses,
    Rien ne saurait vous arrêter...
    L'homme que votre charme enivre,
    Passe son printemps à vous suivre,
    Son automne à vous regretter !...

  • — A travers les plis de mon rideau rose,
    Qui me lance ainsi des rayons furtifs ?...
    La blonde Lune, sur les bruns massifs,
    N'ouvre pas encor sa paupière close...

    Ce n'est pas non plus le reflet morose
    D'un feu follet grêle aux bonds convulsifs ;
    Aucune lueur aux rameaux des ifs,
    Sous le vent des nuits, n'est encore éclose...

    En vain je me...

  • Semper honos, nomenque tuum, laudesque manebunt.
    V.

    I.

    Poète, qui chanta le lac au frais rivage,
    Aux flots berçant Elvire avec des bruits charmants,
    Tes vers mélodieux trouveront d'âge en âge
    Des échos attendris dans le cœur des amants[1].

    Poète...

  • J'aime le temps des fleurs, des fleurs fraiches écloses,
    Rougissant de pudeur sous les baisers de mai,
    Et qui parent la terre en ses métamorphoses
    D'un bandeau virginal et d'un voile embaumé.

    Oh ! les riants secrets ! Oh ! les divines choses
    Que murmure tout bas chaque calice aimé,
    Quand, sur le sein des lis, des jasmins et des roses,
    Les sylphes...

  • Il est une blanche fleurette
    Qui, sous les caresses de Mai,
    Ouvre sa fraîche collerette
    A l'œil qui s'arrête charmé.

    Jeunes, son aspect nous attire ;
    Vieux, il semble nous rajeunir :
    Chaque âge près d'elle soupire
    D'espérance ou de souvenir.

    Elle n'a pas ce frais dictame,
    Haleine des rosiers en fleurs,
    Mais elle sait parler à l'âme...

  • Quel songe d’or tombé de l’écrin du sommeil
    Pourrait, riche de grâce et de magnificence,
    Peindre l’enchantement de ta noble existence
    Dont l’éclat virginal luit comme un doux soleil !

    Sur ton visage pur, au chaste lys pareil,
    La beauté répandit ses dons en abondance ;
    Le ciel d’Occitanie avec amour, Clémence !
    Pour tes Jeux...

  • Le livre de la vie est le livre suprême
    Dont chaque feuillet fuit sous le doigt curieux ;
    Vous êtes arrivée à la page où l’on aime :
    On la lit lentement, car on la lit à deux…

    Ah ! désormais, goûtez le charme dont s’enivre,
    A ce riant passage, une âme de vingt ans,
    Et puisse-t-il, fidèle aux vœux qui vont vous suivre,
    Éterniser pour vous les douceurs...

  • Je suis le mot qu'on aime à parer d'un sourire,
    Le mot de la douceur et le mot du pardon ;
    Le mot qu'en ses élans l'espérance désire,
    L'ennemi des refus et du farouche non...

    Ma naïve candeur où la grâce respire,
    Dans une jeune bouche est pure de soupçon ;
    L'amitié m'embellit, la tendresse m'inspire ;
    L'hymen en palpitant écoute mon doux son...

  • A Carissima.

    Je sais un nid charmant et tendre
    Où niche l'oiseau bleu du cœur,
    Dont nul en vain ne peut entendre
    L'accent séduisant et vainqueur...

    Doux nid plein de grâces vermeilles
    Qui, sous un rayon de gaîté,
    Scintillent comme des abeilles
    Dans l'or des aurores d'Été !

    Formé de fleurs fraîches écloses,
    Œuvre adorable de...