L’HOMME

Je suis l’esprit, vivant au sein des choses mortes.
Je sais forger les clefs quand on ferme les portes ;
Je fais vers le désert reculer le lion ;
Je m’appelle Bacchus, Noé,...

Poet: Victor Hugo

 
Les étoiles, au Nord lentement effacées,
Sont des tisons mourants sur des piliers d’airain,
Et l’ombre, plus profonde autour de mes pensées,
S’abaisse sur mon front comme un ciel souterrain.

Et, spirale attirante et que semblent descendre
Des lumières qu’...

 
Le fond de l’océan ravit l’œil des sondeurs :
Mystérieux printemps, Éden multicolore
Qui tressaille en silence et ne cesse d’éclore
Aux frais courants, zéphyrs des glauques profondeurs.

Lourds oiseaux d’un ciel vert, d’innombrables rôdeurs,
Dans les...

 
L’heure où tu possèdes le mieux
Mon être tout entier, c’est l’heure
Où, faible et ravi, je demeure
Sous la puissance de tes yeux.

Je me...

 
Nous sommes les proscrits ; nous habitons l’abîme ;
Nous assistons dans l’ombre au vil bonheur d’un crime ;
Nous regardons l’esprit vaincu par l’animal,
Et l’infâme baiser de la fortune au mal ;
Nous voyons des heureux qui sont des misérables ;
Nous parlons...

Poet: Victor Hugo

Je suis l'esprit, vivant au sein des choses mortes.
Je sais forger les clefs quand on ferme les portes ;
Je fais vers le désert reculer le lion ;
Je m'appelle Bacchus, Noé, Deucalion ;
Je m'appelle Shakspeare, Annibal, César, Dante ;
Je suis le conquérant ; je tiens l...

Poet: Victor Hugo

(Et nox facta est, I)

Depuis quatre mille ans il tombait dans l'abîme.

Il n'avait pas encor pu saisir une cime,
Ni lever une fois son front démesuré.
Il s'enfonçait dans l'ombre et la brume, effaré,
Seul, et derrière lui, dans les nuits éternelles,
...

Poet: Victor Hugo

(Et nox facta est, VIII)

Le soleil était là qui mourait dans l'abîme.

L'astre, au fond du brouillard, sans air qui le ranime,
Se refroidissait, morne et lentement détruit.
On voyait sa rondeur sinistre dans la nuit ;
Et l'on voyait décroître, en ce silence...

Poet: Victor Hugo

Puisque le juste est dans l'abîme,
Puisqu'on donne le sceptre au crime,
Puisque tous les droits sont trahis,
Puisque les plus fiers restent mornes,
Puisqu'on affiche au coin des bornes
Le déshonneur de mon pays ;

Ô République de nos pères,
Grand Panthéon...

Poet: Victor Hugo

Millions, millions, et millions d'étoiles !
Je suis, dans l'ombre affreuse et sous les sacrés voiles,
La splendide forêt des constellations.
C'est moi qui suis l'amas des yeux et des rayons,
L'épaisseur inouïe et morne des lumières,
Encor tout débordant des effluves...

Poet: Victor Hugo