• D'un air languissant et rêveur
    Justine a repris son ouvrage ;
    Elle brode ; mais le bonheur
    Laissa sur son joli visage
    L'étonnement et la pâleur.
    Ses yeux qui se couvrent d'un voile
    Au sommeil résistent en vain ;
    Sa main s'arrête sur la toile,
    Et son front tombe sur sa main.
    Dors et fuis un monde malin :
    Ta voix plus douce et moins...

  • Le sommeil a touché ses yeux ;
    Sous des pavots délicieux
    Ils se ferment, et son coeur veille.
    A l'erreur ses sens sont livrés.
    Sur son visage par degrés
    La rose devient plus vermeille ;
    Sa main semble éloigner quelqu'un :
    Sur le duvet elle s'agite ;
    Son sein impatient palpite
    Et repousse un voile importun.
    Enfin, plus calme et plus...

  • Apprenez, ma belle,
    Qu'à minuit sonnant,
    Une main fidèle,
    Une main d'amant,
    Ira doucement,
    Se glissant dans l'ombre,
    Tourner les verrous
    Qui dès la nuit sombre,
    Sont tirés sur vous.
    Apprenez encore
    Qu'un amant abhorre
    Tout voile jaloux.
    Pour être plus tendre,
    Soyez sans atours,
    Et songez à prendre
    L'habit des Amours....

  • Chantons les amours de Lubin,
    Nuit et jour il soupire en vain :
    Hélas ! sans espérance.
    Lise, pourtant, l'aime en secret ;
    Mais il l'ignore, et n'oserait
    Parler de sa, parler de sa,
    Parler de sa constance.

    Content d'admirer ses attraits,
    Il n'ose approcher de trop près,
    Tant Lubin est honnête :
    Il croit, sans se rendre suspect,...

  • Les cris de la corneille ont annoncé l'orage ;
    Le bélier effrayé veut rentrer au hameau :
    Une sombre fureur anime le taureau
    Qui respire avec force, et, relevant la tête,
    Par ses mugissements appelle la tempête.

    On voit à l'horizon des deux points opposés
    Des nuages monter dans les airs embrasés ;
    On les voit s'épaissir, s'élever et s'étendre.
    D...

  • Ô vous qu'ont enrichis les trésors de Cérès,
    Préparez-vous, mortels, à de nouveaux bienfaits.
    Redoublez vos présents, terre heureuse et féconde ;
    Récompensez encor la main qui vous seconde.
    Et toi, riant automne, accorde à nos désirs
    Ce qu'on attend de toi, du repos, des plaisirs,
    Une douce chaleur, et des jours sans orages.

    Il vient environné de...

  • Forêts solitaires et sombres,
    Je viens, dévoré de douleurs,
    Sous vos majestueuses ombres,
    Du repos qui me fuit respirer les douceurs.

    Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes ;
    Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur :
    Ce silence imposant, ces lugubres asiles,
    Voilà ce qui peut plaire au trouble de mon coeur.

    Arbres,...

  • et composée par l'auteur huit jours avant sa mort


    J'ai révélé mon coeur au Dieu de l'innocence ;
    Il a vu mes pleurs pénitents.
    Il guérit mes remords, il m'arme de constance ;
    Les malheureux sont ses enfants.

    Mes ennemis, riant, ont dit dans leur colère :
    " Qu'il meure et sa gloire avec lui ! "
    Mais à mon coeur calmé le Seigneur dit en père...

  • L'univers est un temple où l'on voit l'injustice
    Se targuer sur l'autel, un sceptre dans la main.
    La modeste vertu, victime du dédain ;
    Y marche l'oeil baissé devant l'éclat du vice ;
    Et les pâles talents, couchés sur des grabats,
    Y veillent consumés, par la faim qui les presse,
    Tandis que, s'égayant, chantant dans la paresse,
    L'ignorance au teint frais s'...

  • (Fragments)

    ... Eh ! quel temps fut jamais en vices plus fertile ?
    Quel siècle d'ignorance, en beaux faits plus stérile,
    Que cet âge nommé siècle de la raison !
    Tout un monde sophiste, en style de sermon,
    De longs écrits moraux nous ennuie avec zèle,
    Et l'on prêche les moeurs jusque dans la Pucelle.
    Je le sais ; mais, ami, nos modestes aïeux
    ...