Sus, gants, allez couvrir la main gentille et belle
De celle-là qui est cause de ma douleur,
Défendez-la du vent, du froid, de la chaleur,
Et que tout votre mieux soit employé pour elle.
Vrai est que je voudrais pour une Nymphe telle
Une peau plus subtile et de rare valeur,
Car bien que votre peau soit une peau de fleur,
Elle n'est pas pourtant...
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Ma belle un jour dessus son lit j'approche
Qui me baisant là sous moi frétillait
Et de ses bras mon col entortillait
Comme un Lierre une penchante Roche.
Au fort de l'aise et la pâmoison proche
Il me sembla que son oeil se fermait,
Qu'elle était froide et qu'elle s'endormait
Dont courroucé je lui fis ce reproche :
Vous dormez donc !... -
Devant les dieux de clémence et concorde
Et devant toi, fille non comparable,
De qui mon âme attend miséricorde,
Je fais un voeu solennel et durable.
Que la grand' grâce en ton corps admirable
Ne me fait point poursuivre ta merci,
Non ta beauté sur Hélène exemplable,
Non ta maison, non ta richesse aussi ;
Mais tes vertus sans plus me font transi... -
Belle lune d'argent, j'aime à te voir briller
Sur les mâts inégaux d'un port plein de paresse,
Et je rêve bien mieux quand ton rayon caresse,
Dans un vieux parc, le marbre où je viens m'appuyer.
J'aime ton jeune éclat et tes beautés fanées,
Tu me plais sur un lac, sur un sable argentin,
Et dans la vaste nuit de la plaine sans fin,
Et dans mon cher Paris... -
Durant la belle nuit, dont mon ame ravie
Preferoit les clartez à celles d'un beau jour,
J'escoutois murmurer, au milieu de la Cour,
Mille voix de loüange, et mille autres d'envie.
Je ne sçay quelles morts plus douces que la vie,
Faisoient sentir aux coeurs les charmes de l'Amour ;
Et de mille beautez qui brilloient à l'entour,
L'un tenoit pour... -
Carite l'autre jour si pompeuse et si belle,
De la terre, et du Ciel montroit tous les tresors ;
Quand je me laissay vaincre aux amoureux transports,
Qui m'en firent pretendre une faveur nouvelle.
Mais j'en fus repoussé d'une main si cruelle,
Et d'un si rude coup je sentis les efforts,
Que mon ombre craintive erra parmy les morts,
Preste à passer... -
" Beaux enfants, vous perdrez la plus
Belle rose de vo chapeau ;
Mes clercs près prenant comme glus,
Se vous allez à Montpipeau
Ou à Ruel, gardez la peau :
Car, pour s'ébattre en ces deux lieux,
Cuidant que vausît le rappeau,
Le perdit Colin de Cayeux.
" Ce n'est pas un jeu de trois mailles,
Où va corps, et peut-être l'âme.
Qui perd, rien... -
" Or y pensez, belle Gautière
Qui écolière souliez être,
Et vous, Blanche la Savetière,
Or est-il temps de vous connaître :
Prenez à dêtre ou à senêtre ;
N'épargnez homme, je vous prie ;
Car vieilles n'ont ne cours ne être,
Ne que monnoie qu'on décrie.
" Et vous, la gente Saucissière
Qui de danser êtes adêtre,
Guillemette la Tapissière,... -
J'étais un faible enfant qu'elle était grande et belle ;
Elle me souriait et m'appelait près d'elle.
Debout sur ses genoux, mon innocente main
Parcourait ses cheveux, son visage, son sein,
Et sa main quelquefois, aimable et caressante,
Feignait de châtier mon enfance imprudente.
C'est devant ses amants, auprès d'elle confus,
Que la fière beauté me... -
Sombre divinité, de qui la splendeur noire
Brille de feux obscurs qui peuvent tout brûler :
La neige n'a plus rien qui te puisse égaler,
Et l'ébène aujourd'hui l'emporte sur l'ivoire.
De ton obscurité vient l'éclat de ta gloire,
Et je vois dans tes yeux, dont je n'ose parler,
Un Amour africain, qui s'apprête à voler,
Et qui d'un arc d'ébène aspire...