XXXII
Il lui disait : — Vos chants sont tristes. Qu’avez-vous ?
Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ?
Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée et fidèle,
Comme un jonc que le vent a ployé d’un coup d’aile,
Pencher...
Il lui disait : — Vos chants sont tristes. Qu’avez-vous ?
Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ?
Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée et fidèle,
Comme un jonc que le vent a ployé d’un coup d’aile,
Pencher...
DANS les branches le vent souffle une faible plainte ;
Je l’écoute gémir dans la lumière éteinte.
La lune a disparu, les étoiles ont fui.
On ne voit rien bouger. On n’entend que le bruit
Du feuillage qui tremble et du pas qui résonne.
Le silence nocturne au son des mots frissonne.
D’une fenêtre, où brille un feu de lampe bleu,
Monte une...
Au seuil noir de l’oubli, souterraine exilée,
Seule avec mon miroir familier, j’y revois
Le prestige lointain de ma vie écoulée ;
Nul écho dans le vent ne me redit ma voix.
Le rameur qui m’a pris l’obole du passage
Et qui jamais ne parle aux ombres qu’il conduit,
Me laissa ce miroir aimé de mon visage ;
Je ne suis pas entrée entière dans la...
Cette statue est charmante
De la femme qu’elle fut
Avant que cette eau dormante
Reflétât son marbre nu ;
Mais dans l’eau qui la reflète
Au bassin ovale et clair
Son ombre me semble faite
Du souvenir de sa chair ;
Et la pensée incertaine
Est telle ou telle, suivant
Que la voix de la fontaine
Se mêle à la voix du vent...
Quelle douleur immense te déchire,
Gouffre sans fond, mer aux flots courroucés !
O vague, ô vent, qu’avez-vous à vous dire,
Qu’en vous heurtant ainsi vous gémissez ?
Quel noir esprit dans vos flancs se déchaîne ?
Où prenez-vous ces orageux sanglots ?
Sourdes fureurs ! Est-ce démence ou haine ?
Flot, qu’as-tu fait à ce vent qui m’entraîne ?...
L’ombre des arbres dans la rivière embrumée
Meurt comme de la fumée,
Tandis qu’en l’air, parmi les ramures réelles,
Se plaignent les tourterelles.
Combien, ô voyageur, ce paysage blême
...
L’ombre s’écarte autour de la lampe allumée
Qui nous enferme en son halo de nacre et d’or...
Le doux Poison s’enfle et grésille... L’ombre dort.
La perle fauve, au bout de l’aiguille, est formée.
Parmi les entrelacs flottants de la fumée,
C’est à peine si ma chair vile existe encor.
Mais l’oiseau Rêve, s’enlevant d’un mol essor,
Sous son vol...
J’évoque, sous un ciel ignoré des regards,
Au pays pacifique où des clartés sereines
Attardent plus longtemps leur doux sourire épars,
Un bois tout murmurant de sources léthéennes....
Un soupir est dans l’air !... Tout le ciel en frémit !...
Au gré de la lueur plus vive ou plus tremblante,
Le bruit mélodieux s’élève ou s’assoupit,
Si vague, qu’on...
J’ai fait de mon Amour cette blanche statue.
Regarde-la. Elle est debout, pensive et nue,
Au milieu du bassin où la mire son eau
Qui l’entoure d’un double et symbolique anneau
De pierre invariable et de cristal fidèle.
La colombe en passant la frôle de son aile,
Car l’Amour est vivant en ce marbre veiné
Qui de son long regard que rien n’a...
Quand l’ombre menaça de la fatale loi
Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
Affligé de périr sous les plafonds funèbres
Il a ployé son aile indubitable en moi.
Luxe, ô salle d’ébène où, pour séduire un roi
Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres,
Vous n’êtes qu’un orgueil menti par les ténèbres
Aux yeux du solitaire ébloui de sa foi...