Le temps se vêt de brume ;
Le vent retrousse, au cou des pigeons bleus,
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l’aile.
Panache au clair et glaive nu,
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
L’air est rugueux et cru ;
Un chat près du foyer se...
Dans le mortel soupir de l’automne, qui frôle
Au bord du lac les joncs frileux,
Passe un murmure éteint : c’est l’eau triste et le saule
Qui se parlent entre eux.
Le saule : « Je languis, vois ! Ma verdure tombe
Et jonche ton cristal glacé ;
Toi qui fus la compagne, aujourd’hui sois la tombe
De mon...
Dans les grottes sans fin brillent les Stalactites.
Du cyprès gigantesque aux fleurs les plus petites,
Un clair jardin s'accroche au rocher spongieux,
Lys de glace, roseaux, lianes, clématites.
Des thyrses pâlissants, bouquets prestigieux,
Naissent, et leur éclat mystique divinise
Des villes de féerie au vol prodigieux.
Voici les Alhambras...
Vires acquirit eundo.
Aux accents inspirés de sa lyre puissante,
Le génie, instruisant la Terre obéissante,
Plia l’homme sauvage au noble joug des lois.
Conservés par le cœur, répétés par la voix,
Ses hymnes bienfaiteurs passèrent d’âge en âge ;
Les peuples se léguaient ce sublime héritage ;
Et dans les...
Une pitié me prend quand à part moi je songe
À cette ambition terrible qui nous ronge
De faire parmi tous reluire notre nom,
De ne voir s’élever par-dessus nous personne,
D’avoir vivant encor le nimbe et la couronne,
D’être salué grand comme Gœthe ou Byron.
Les peintres jusqu’au soir courbés sur leurs palettes,
Les Amphions frappant leurs claviers,...
Tu poursuis, en chantant, dans la glaise et l’argile,
Pour lui rendre à jamais la forme où tu le vois
Qui rôde en ta pensée et s’esquive à ta voix,
Un fantôme furtif qui fuit ton pouce agile.
La figure s’ébauche indécise et fragile,
Dans la terre féconde où la cherchent tes doigts,
Car encore secret et visible parfois
Le sourire est déjà dans la...
DÉDICACE
Ces vers
Où ton passé scintille encor
Comme un amas de braises d’or,
Parmi les cendres.
Ces vers...
C’est à toi que je veux offrir mes premiers vers,
Père ! J’en ai cueilli les strophes un peu rudes
Là-haut, dans ton Rouergue aux âpres solitudes,
Parmi les bois touffus et les genêts amers.
Tu ne les liras point, je le sais, ô mon père !
Car tu ne sais pas lire, hélas ! et toi qui fis
Tant d’efforts pour donner des maîtres à ton fils,
On ne...
Faut-il donc que ce petit livre
Où plein d’espoir chante l’Amour,
Te trouve souffrante en ce jour,
Toi, pour qui seule je veux vivre ?
Faut il qu’au moment tant béni
Ce mal affreux t’ait disputée
A ma tendresse épouvantée
Et de ton chevet m’ait banni ?
— Mais puisque enfin sourit encore
Après l’orage terminé
L’avenir, le front...