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            Pour moi ce qu’on désire
            Je l’ai méprisé.
            Sappho

        Pour moi, ni l’amour triomphant, ni la gloire,
        Ni le souffle vain d’hommages superflus.
        Mais la paix d’un coin dans une maison noire
        Où l’on n’aime plus.

        Je sais qu’ici-bas jamais rien ne fut juste,
        Je fus...

  • Sur les marbres massifs plane la paix de l’air.
    La nature, qui hait la fièvre et le factice,
    Décore les tombeaux, passive protectrice,
    De rosée au printemps et de neige en hiver.

    Le souffle égal des Morts s’en va vers le ciel clair.
    Ils...

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    Les heures ont éteint le feu de mes vertèbres,
    Et leur morne lourdeur a pesé sur mon front…
    Voici que les lointains trop clairs s’attendriront
    Et la nuit m’ouvrira son jardin de ténèbres.

    Solitaire, tandis que le temps coule et fuit,
    Je cueillerai les fleurs du regret et du songe.
    Reconnaissante au doux charme qui se prolonge,
    J’offrirai le...

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            A.
            Femmes, pour revêtir ce corps dans le tombeau
            Avez-vous su tisser un linceul assez beau ?

            B.
            Avec un soin pieux nous l’avons embaumée,
            Cette morte qui fut pour nous la sœur aimée.

            A.
            Joignez les mains, priez pour l’âme qui s’enfuit,
            Et s’éloigne, très triste et...

  • Déesse de la Mort, pâle Perséphoné,
    Dont l’Hadès recueillit les langueurs léthéennes,
    Déesse dont le front semble un printemps fané,
    Dont la voix est l’écho des voix élyséennes,
    Déesse de la Mort, pâle Perséphoné,

    Ouvre, d’un geste lent,...

  • Tes cheveux sont pareils aux feuillages d’automne,
    Déesse du Couchant, des Ruines, du Soir !
    Le sang du crépuscule est ta rouge couronne,
    Tu choisis les marais stagnants pour ton miroir.

    L’odeur des lys fanés et des branches pourries
    S’...

  • Les arbres ont gardé du soleil dans leurs branches.
    Voilé comme une femme, évoquant l’Autrefois,
    Le crépuscule passe en pleurant… Et mes doigts
    Suivent en frémissant la ligne de tes hanches.

    Mes doigts laborieux s’attardent aux frissons
    De...

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        Ton regard embusqué sous tes paupières sombres
        Guette… Ton faux regard est là, traîtreusement…
        Il épie, en secret, le passage des ombres
        Dans mes yeux… Il me guette, inexorablement.

        J’ai peur de ce regard sournois… O perfidie
        De ton regard profond et brun, de ton regard !
        Je te vois maintenant différente, étourdie,...

  • O mes rêves, voici l’heure équivoque et tendre
    Du crépuscule, éclos tel une fleur de cendre.

    Les clartés de la nuit, les ténèbres du jour
    Ont la complexité de ton étrange amour.

    Sous le charme pervers de la lumière double,
    Le regard de mon âme interroge et se trouble.

    Je...

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        Le grand vent de la mer a quitté la chapelle.
        C’est pourquoi notre voix commune le rappelle.

        Le grand vent de la mer est las de la chapelle
        Et la détruit tout en se lamentant sur elle…

        Car il subit la loi de sa rude nature
        En la reconnaissant si terrible et si dure !

        Et voici ce que fut la chapelle où l’on prie,...